Comment François Hollande prépare sa vie d'après

EXCLUSIF. Depuis qu'il a renoncé à être candidat, François Hollande, qui prend soin de se tenir éloigné des débats, fait ce qui lui plaît. Tourné vers son avenir.

Illustration - A l'issue de son mandat, le chef de l'Etat entend marcher sur les traces de Jacques Chirac.
Illustration - A l'issue de son mandat, le chef de l'Etat entend marcher sur les traces de Jacques Chirac. AFP/Fred Dufour

    C'est l'un des secrets les mieux gardés de l'Elysée. Le niveau de confinement est quasi nucléaire. Seule une poignée de proches du président a été mise dans la confidence. A tous, il a demandé le silence absolu. Car François Hollande, s'il fait mine d'exprimer des regrets depuis sa décision de ne pas se représenter, a une idée très précise de ce qu'il voudrait faire de sa vie d'après. Il y réfléchit depuis plusieurs semaines et avait d'ailleurs sondé ses fidèles avant même son retrait le 1 er  décembre.

    Une fondation consacrée à l'innovation sociale

    Selon nos informations, et de sources concordantes, le chef de l'Etat entend marcher sur les traces de Jacques Chirac. Comme lui, il veut animer une grande fondation, celle-là consacrée à l'innovation sociale. Son nom ? La France s'engage. Et pour la petite histoire, il en a quasiment fait l'annonce dimanche à Paris. Ainsi a-t-il expliqué qu'il voulait laisser un héritage « qui ne soit pas une construction, un bâtiment ». En clair : ni la Pyramide du Louvre de Mitterrand, ni le musée du Quai Branly de Chirac. Mais personne n'a relevé, en pleins préparatifs du deuxième débat de la primaire de la gauche...

    Né en 2014 sur une idée de son ami Martin Hirsch, le label présidentiel La France s'engage deviendra une fondation d'utilité publique avant la fin de son mandat, a annoncé Hollande en grande pompe. « Il veut très vite se projeter dans l'avenir, rebondir », explique un fidèle. C'est le ministre de la Ville, Patrick Kanner, chargé de la Vie associative, qui lui avait soufflé l'idée d'une fondation lors des Jeux olympiques de Rio en août. « C'est une belle aventure. Mon souci, c'était qu'elle ne soit pas soumise aux aléas électoraux », explique le ministre, qui aligne les chiffres, en trois ans depuis la création du label : 50 M€ de subventions ont été distribués (35 M€ de l'Etat et 15 M€ du groupe Total) à 93 projets, 11 000 bénévoles, 3 millions de bénéficiaires. « On n'a pas mégoté ! »

    C'est, par exemple, un musée itinérant dans un camion pour ouvrir la culture à tous, du soutien aux jeunes mamans réfugiées, de l'aide à l'insertion pour les jeunes en difficulté, etc. Les statuts seront lancés prochainement et de nouveaux partenaires privés sollicités. A l'Elysée, c'est le secrétaire général, Jean-Pierre Jouyet, qui suit le dossier pour le président. « Quand Hollande en parle, les étincelles lui reviennent dans les yeux », sourit un ami.

    La présidence du conseil européen

    Voilà pour la partie honorifique. Mais ça n'est pas tout, loin s'en faut. Le président a d'autres projets, bien plus ambitieux, dont la réussite relèverait du tour de force diplomatique. En digne fils spirituel de Jacques Delors, il a toujours aimé l'Europe. Quoi de mieux, dès lors, que d'en prendre la tête ? Car ce n'est rien de moins que la présidence du Conseil européen qu'il convoite, selon plusieurs sources ! Le mandat de l'ancien Premier ministre polonais Donald Tusk, nommé le 1er décembre 2014, s'achèvera... fin mai 2017.

    Une date qui tombe à pic pour François Hollande, qui quittera l'Elysée mi-mai. Ses amis dans la confidence se sont délectés en écoutant lundi sa très sèche réponse aux attaques de Donald Trump : « L'Europe n'a pas besoin de conseils extérieurs pour lui dire ce qu'elle a à faire ! » « Il se projetait déjà dans le rôle », sourit l'un. Seulement voilà, l'heureux élu devra être désigné à la majorité des 28 dirigeants de l'UE. « On est quand même dans une Europe très très à droite », constate l'un de nos interlocuteurs.

    Autre souci : c'est le prochain président français qui devra porter cette candidature. Et si c'est François Fillon... « Hollande ne se mettra pas dans sa main », tranche un proche. Un autre achève : « Et Fillon ne lui ferait pas ce cadeau, ne serait-ce que vis-à-vis de Sarkozy. »

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