Karpov aura sa rue et sa polémique à Asnières

 Asnières, janvier 2016. Le champion russe d’échecs Anatoli Karpov était venu disputer une partie simultanée d’échecs en mairie. Aujourd’hui, la ville va donner son nom à une rue.
Asnières, janvier 2016. Le champion russe d’échecs Anatoli Karpov était venu disputer une partie simultanée d’échecs en mairie. Aujourd’hui, la ville va donner son nom à une rue. LP/O.B.

    D'ici la fin de l'année, Asnières comptera deux nouvelles rues dans le quartier Bords de Seine en train de sortir de terre. Réunis en conseil municipal jeudi soir, les élus locaux ont décidé de leur donner des noms de joueurs d'échecs : Anatoli Karpov et Vladimir Kramnik. Et déjà une nouvelle polémique se fait jour.

    La passion du maire (LR) Manuel Aeschlimann pour la guerre en 64 cases et sa volonté de faire d'Asnières une place forte de ce jeu investit donc la voie publique. L'an dernier il avait déjà reçu Anatoli Karpov qui avait disputé une partie en simultanée avec des élèves du club et le maire.

    Karpov est célèbre pour son opposition à Garry Kasparov dans les années 1980. Les deux hommes avaient alors transporté la guerre froide sur un échiquier. D'un côté de l'échiquier Karpov, l'apparatchik, l'homme de Moscou au visage de marbre, de l'autre Kasparov, le flamboyant play-boy épris de liberté. Hasard de l'histoire, trente ans plus tard, Kasparov a été licencié au club d'échecs de Clichy, l'équivalent du Barça de la discipline. Aujourd'hui c'est son rival Karpov qui apparaît comme l'hôte d'honneur de la commune voisine.

    Cette délibération a fait grincer les dents de l'opposition socialiste. Kramnik, Russe de 41 ans et champion du monde de 2000 à 2007, a un palmarès long comme le bras et un CV sans tache mais Karpov pose problème. « On ne remet pas en cause ses qualités de champion mais il est aussi député à la Douma, le parlement russe, tonne Delphine Méric, conseillère municipale PS. C'est un homme politique proche de Poutine, tout sauf un démocrate. Qu'il vienne jouer avec les enfants, d'accord, mais donner son nom à une rue, non ! » « C'est là une toute petite polémique », a riposté un Manuel Aeschlimann lapidaire.