Pourquoi Pôle Emploi et l'Insee donnent-ils toujours des chiffres différents s'agissant du chômage? On vient d'en avoir de nouveau l'illustration cette semaine avec la publication mardi 24 janvier par le ministère du Travail des chiffres du chômage pour l'année 2016. Selon Pôle Emploi, la France compte aujourd'hui 3,47 millions de personnes sans activité (catégorie A) en métropole. Des chiffres en contradiction avec ceux de l'Insee qui dénombre 600.000 chômeurs de moins, soit 2,8 millions. Pourquoi une telle différence?
Des méthodes de calculs différentes
Les tendances dégagées par l’Insee et Pôle emploi sont proches, bien que les méthodes de calcul soient différentes. La Dares recense chaque mois les inscrits à Pôle emploi dans les différentes catégories: ceux qui n’ont pas du tout travaillé (catégorie A), ceux qui ont un peu travaillé (B et C), ceux qui ne sont pas tenus de chercher un travail parce qu’étant en maladie, en emploi aidé, ou en formation (D et E). Il s’agit d’une source administrative. De son côté, l’Insee tire ses chiffres de son "enquête emploi", où elle interroge en continu un panel de 110.000 personnes et leur pose des questions sur leur situation par rapport à l’emploi. Pour être au chômage, il faut déclarer chercher un travail, ne pas avoir du tout travaillé dans la semaine de référence et être disponible pour en prendre dans les deux semaines qui suivent. Cette définition est celle que retient le Bureau international du travail (BIT). Elle permet d’effectuer des comparaisons internationales.
Des écarts plus importants depuis 2013
En 2013, l’Insee a changé les questionnaires de son enquête Emploi. Après la reformulation à la marge de certaines questions, les réponses ont été profondément modifiées. Ainsi, un enquêteur de l’Insee ne vous demandera plus si vous étiez "à la recherche d’un emploi, même à temps partiel ou occasionnel", mais si vous étiez "à la recherche d’un emploi" tout court. Associée à d’autres, cette modification a suffi à faire pencher quelques "oui" du côté du "non". Les experts de l’Institut estimaient en mars 2014 que le nouveau questionnaire a fait artificiellement baisser le taux de chômage, en mars 2014, de 0,5 point, soit 145.000 chômeurs de moins.