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Démographie

Les mères porteuses, remède miracle contre le vieillissement de la population chinoise ?

La fin de la politique de l'enfant unique ne permettant pas pour l'instant le renouvellement des générations, le «Quotidien du peuple» ouvre le débat sur la GPA. Un signe des préoccupations du régime.
par Zhifan Liu
publié le 7 février 2017 à 12h06

Interdit jusqu'à présent, le recours aux mères porteuses pourrait revitaliser la natalité chinoise. En tout cas, le Quotidien du Peuple, en a vanté les bienfaits vendredi, témoignages de spécialistes à l'appui. Une manière pour Pékin de prendre la température sur ce sujet sociétal, à travers son organe de presse officiel.

L'an dernier déjà, Pékin avait mis un terme à la politique de l'enfant unique, après plus de quarante ans pour contrer le processus de vieillissement de la population. Depuis, 90 millions de couples auraient la possibilité d'avoir un deuxième enfant et près de la moitié d'entre eux sont âgés de plus de 40 ans. Une moyenne élevée qui inquiète en Chine. Toujours d'après le journal, 90% des femmes chinoises de plus de 45 ans seraient stériles et le taux de fécondité est tombé à 1,5 en 2015, bien loin des 2,1 nécessaires à un renouvellement des générations.

Un an après la fin de la politique de l'enfant unique, les résultats sont déjà visibles. 2016 a vu la naissance de quelque 17,87 millions de bébés chinois, soit un million de plus qu'en 2015. Pour Isabelle Attané, de l'Institut national d'études démographique (Ined), c'est encore bien insuffisant: «Il n'y a pas de quoi tirer des conclusions hâtives. Ce chiffre reste très en deçà de l'objectif de 2 millions de naissances supplémentaires chaque année.» En plus d'être une «année du Singe», appréciée pour les naissances selon l'horoscope chinois, 2016 a bénéficié de l'effet d'aubaine. «Il est normal d'avoir un rebond car les quelques millions de personnes désireuses d'avoir un enfant se sont jetées sur l'occasion, mais ça ne durera probablement pas», souligne la démographe. On est donc bien loin du «baby-boom» claironné dans les médias chinois et étrangers. Quant à John Kennedy, chercheur à l'Université du Kansas et auteur d'une enquête sur les «30 millions de fillettes chinoises manquantes», il avance auprès de Libération que les chiffres positifs de 2016 «peuvent être en partie dus à l'amélioration du système d'enregistrement des naissances».

«Déficit de main-d’œuvre»

«Ces quelques naissances supplémentaires ne changeront rien à la situation très critique du vieillissement chinois et du déficit de main-d'œuvre», prévient Isabelle Attané. Malgré tous ses efforts, le pays le plus peuplé du monde aura du mal à revitaliser sa population. Selon la Banque mondiale, les plus de 65 ans pèsent 9,5% de la population chinoise, contre 3,3% en 1965. Les seniors devraient en représenter le quart d'ici à 2050, une proportion semblable à celle de son voisin japonais, recordman de la discipline d'après la revue The Lancet. Les effets sur l'économie pourraient être dévastateurs, la part de la population en âge de travailler (15-64 ans) ayant déjà chuté à 36%, bien loin des 53% observés dans le reste du monde.

Même si le recours aux mères porteuses, ainsi que le commerce de sperme, ovules ou autres embryons était autorisé, rien ne dit que le vieillissement de la population soit enrayé. Entre des horaires de travail à rallonge, le coût de l'éducation et le manque de structures de garde, les parents n'ont souvent pas la possibilité matérielle d'élever plus d'un enfant.

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