ASSURANCEAssurance auto/habitation: Faut-il accepter des mouchards pour payer moins cher?

Assurance auto/habitation: Faut-il accepter des mouchards pour payer moins cher?

ASSURANCEDéjà en vogue dans l'assurance habitation, l'octroi de rabais aux assurés équipés d'une télésurveillance vient de débarquer en France dans l'assurance auto...
Scène d'accident filmée avec une caméra embarquée dans une voiture, illustration.
Scène d'accident filmée avec une caméra embarquée dans une voiture, illustration. - Quirky China News / Rex Features
Claire Planchard

Claire Planchard

«Jusqu’à 30% de réduction sur la cotisation annuelle pour tout véhicule équipé d'un appareil RoadEyes». Voilà l’offre alléchante lancée début janvier par le courtier BA Assurances auprès de ses compagnies partenaires ayant agréé ce dispositif. Une première en France.

«Conduite responsable»

RoadEyes, c’est la marque leader en France des boîtes noires vidéo: caméra grand angle avant et/ou arrière, capteur gyroscopique pour déterminer la zone d’impact en cas de choc, GPS, enregistrement continu: selon les options, le dispositif coûte entre 125 et 349 euros chez Darty ou Boulanger. Un investissement non négligeable qui permettrait selon l’assureur de réduire les comportements à risques au volant et donc les accidents mais aussi de fournir de preuves de sa bonne foi en cas de litige. «Pour l’instant, on considère que cela favorise une conduite plus responsable, mais on ne peut pas gérer un sinistre avec la vidéo car la Fédération français des sociétés d’assurance estime que ce n’est pas une preuve opposable entre compagnies. On espère que ce sera la prochaine étape», explique Florent Cautela, associé de BA Assurances.

Dans l’assurance habitation ce type de contrat «donnant-donnant» entre assureur et assuré existe déjà depuis longtemps, avec en ligne de mire la recrudescence des cambriolages ou des incendies. «Cela a commencé avec de la détection de présence mais ça se sophistique de plus en plus avec des dispositifs anti-intrusion et anti-incendie ou même des caméras vidéo», observe Arnaud Giraudon, président d'Acommeassure.com.

Ceux qui acceptent de s’équiper peuvent alors obtenir des ristournes de l’ordre de 10%, se voir offrir la franchise ou la clause d’inhabitation, une disposition courante et pourtant méconnue qui prévoit qu’au-delà d’un certain nombre de jours d’absence par an l’assuré n’est plus couvert par la garantie vol.

Flou juridique

De prime abord ces «mouchards» ont donc tout pour séduire les propriétaires de résidences secondaires, les grands conducteurs, ou tout assuré confronté à des primes en hausse constante. Toutefois, nombre de spécialistes appellent à la prudence. «Qu’ils soient loués ou achetés, ces équipements ont un coût non négligeable qui augmente la prime d’assurance de manière incroyable sans qu’on sache bien ce qui se passe si le dispositif tombe en panne, et sans avoir d’assurance sur l’utilité juridique des enregistrements, notamment pour prouver que des biens volés étaient bien chez vous ou prouver leur valeur», souligne Olivier Gayraud, chargé de mission consommation à la CLCV.

Par ailleurs, beaucoup de questions restent ouvertes sur le traitement de ces données personnelles, images du propriétaire du véhicule ou du logement mais aussi des personnes filmées en dehors de son habitation ou de son véhicule: «A qui appartiennent-elles, l’automobiliste, le prestataire ou l’assureur? Quelle est le délai et la finalité du traitement?», s’interroge Olivier Gayraud qui appelle les consommateurs à bien étudier l’intérêt financier de ces offres avant de se précipiter.

Vers une boîte noire de série?

En novembre, le Conseil national de la sécurité routière a préconisé au gouvernement l’installation d’enregistreurs de données routières en série sur tous les véhicules européens: pas d’enregistrement vidéo ni sonore, mais une captation des données techniques uniquement en cas d’accident, 30 secondes avant et 15 secondes le choc. Ces données consultables par les forces de l’ordre «contribueraient à une meilleure connaissance des mécanismes des accidents», selon le CNSR. «Vue les évolutions technologiques en cours, il est certain que d’ici dix ans, toutes les voitures seront dotées d’un central Internet, véritable boite noire générique, qui permettra d’accéder à des multiples applications d’aide à la conduite mais aussi à des ristournes de la part des assureurs si l’automobiliste le souhaite», estime Arnaud Giraudon, président de Acommeassure.com, toute en soulignant les «problèmes techniques, éthiques et commerciaux» que cela posera.