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ÉTATS-UNIS

Gavin Grimm, l’ado transgenre au cœur de la "guerre des toilettes" de Trump

La décision de Donald Trump d'annuler une directive en faveur des droits des transgenres aux États-Unis est une nouvelle étape dans la longue bataille d’un adolescent en conflit avec son école pour pouvoir utiliser les toilettes qu’il veut.

Gavin Grimm a participé à un documentaire sur la "révolution transgenre".
Gavin Grimm a participé à un documentaire sur la "révolution transgenre". Brad Barket, AFP
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Des centaines de manifestants se sont rassemblés devant la Maison Blanche, mercredi 22 février, pour protester contre la décision du président américain Donald Trump d’annuler une directive de son prédécesseur Barack Obama en faveur des droits des adolescents transgenres. Parmi ces manifestants, il y en avait un pour qui cette dernière décision du nouveau président avait un goût particulièrement amer : Gavin Grimm.

"J’ai rencontré mon lot d’adversaires dans la Virginie rurale, mais jamais je n’aurais imaginé que mon gouvernement puisse faire partie de ceux-là", a déclaré cet adolescent de 17 ans, né fille, et dont l’histoire est au cœur de la controverse autour de cette nouvelle attaque de Donald Trump contre l’héritage de Barack Obama.

"Monstre"

La directive de l’ex-président, qui vient d’être annulée, imposait depuis mai 2016 aux écoles et lycées publics l’obligation de laisser aux jeunes transgenres le droit d'utiliser les toilettes et vestiaires de leur choix. Ce soutien présidentiel à la cause de la défense des droits des transgenres faisait largement écho aux mésaventures de Gavin Grimm dans son lycée.

Scolarisé au lycée de Gloucester (Virginie), ce garçon s’est battu des années durant pour obtenir le droit d’utiliser les toilettes des garçons et a dû faire face à l’hostilité des parents d’élèves, d’une partie du personnel scolaire et d’un tribunal. Alors qu’il avait 15 ans, Gavin Grimm avait d’abord obtenu gain de cause auprès du principal de son lycée. Pour le jeune homme, rien de plus normal : ses papiers d’identité attestaient de son changement de sexe et il allait déjà depuis longtemps aux toilettes des hommes dans les restaurants.

Deux mois plus tard, branle-bas de combat parmi les parents d’élèves de l’établissement qui menacent de voter la destitution du conseil du lycée — et donc du directeur — si une nouvelle règle n’était pas établie confinant les adolescents aux toilettes de leur sexe biologique de naissance. Leur argument : la présence "d’une fille" violait le droit à la vie privée de leur fils. Devant Gavin Grimm, ces parents — dont certains n’avaient même pas d’enfants scolarisés dans le lycée — n’ont eu de cesse d’appeler l’adolescent "jeune fille", rapporte l’ACLU (la principale organisation américaine de défense des libertés individuelles). L’un des parents l’a même qualifié de "monstre" et l’a comparé à un "homme qui se prend pour un chien et veut uriner sur une bouche d’incendie".

Face à cette offensive, le conseil du lycée n’a pas résisté très longtemps et a adopté à une écrasante majorité la nouvelle règle réclamée. Le principal du lycée a tenté d’arranger la situation de Gavin Grimm en faisant construire des toilettes spécifiquement destinées aux transgenres. Une décision maladroite "qui m’a seulement isolé davantage et fait sentir encore plus différent", a raconté l’adolescent au Washington Post.

Jusqu’à la Cour suprême

Il a alors débuté son marathon judiciaire, avec l’aide de l’ACLU, ce qui en a rapidement fait un symbole de la lutte des adolescents transgenres contre les discriminations. Aux États-Unis, plus de 40 % des jeunes transgenres ont fait au moins une tentative de suicide et les associations LGBT se battent depuis des années pour sensibiliser aux problématiques propres de cette communauté.

Gavin Grimm a d’abord connu une sérieuse déconvenue, en juillet 2015, face à un juge qui a tout simplement refusé d’étudier le dossier et a rejeté les prétentions du jeune homme. C’est entre cette décision de première instance et l’appel — favorable à l’adolescent — que la Maison Blanche s’est saisie du dossier. Pour Barack Obama, la protection constitutionnelle contre les discriminations s’étend aussi à ces questions de choix des toilettes ou d’un vestiaire.

L’implication du chef de l’État a probablement joué en faveur de Gavin Grimm devant la cour d’appel, mais elle a aussi mobilisé le camp conservateur. Le cas du lycéen de Virginie est alors devenu à leurs yeux un symbole de la "déchéance morale" du président Barack Obama à combattre, rapporte Slate. C’est ainsi que l’affaire a été soumise à la Cour suprême des États-Unis qui a décidé de s’en saisir au printemps 2017.

Avant de quitter la Maison Blanche, Barack Obama a d’ailleurs écrit une lettre en soutien à Gavin Grimm aux neuf Sages. Une missive que Donald Trump a précisé qu’il allait retirer du dossier qui doit être examiné par la Cour suprême. En voulant uriner avec les autres garçons, Gavin Grimm ne pensait probablement pas être au cœur de l’offensive lancée par Donald Trump contre le legs de Barack Obama.

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