Le 10e baromètre du Défenseur des droits rendu ce 23 mars 2017 fait état d'une perception de discriminations plus grande chez les demandeurs d'emploi.

Un actif sur trois dit avoir été discriminé au travail ou dans sa recherche d'emploi au cours des cinq dernières années, avant tout en raison du sexe, de l'âge et de l'origine, selon le 10e baromètre du Défenseur des droits et de l'Organisation internationale du travail (OIT) publié ce 23 mars.

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Quand verra-t-on enfin l'once d'une amélioration se dessiner, sur le plan des discriminations? Le Défenseur des droits présente ce 23 mars son dixième baromètre analysant le ressenti des Français, et le tableau brossé n'est, encore une fois, pas beau à voir. Un tiers de la population active rapporte "des discriminations liées au sexe, à l'âge, à la grossesse ou à la maternité, à l'origine, aux convictions religieuses ou au handicap et à la santé, dans son parcours professionnel, au cours des cinq dernières années". La proportion est même un peu plus élevée (un sondé sur deux) dès lors que l'échantillon interrogé* n'est plus circonscrit aux actifs.

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Derrière une statistique peut se cacher des réalités variées. Certains profils qui cumulent les "handicaps" si l'on peut dire, paient un lourd tribut. Ainsi les expériences de discrimination dans le monde professionnel sont davantage rapportées par les femmes âgées de 18 à 44 ans perçues comme noires, arabes ou asiatiques (par 65% d'entre elles, précisément).

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A l'autre bout de l'échelle, les chanceux: les hommes âgés de 35 à 44 ans, perçus comme blancs et ayant des enfants de plus de six ans ne sont que 13% à avoir relaté une expérience de discrimination.

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Entre 18 et 34 ans, plus d'une femme sur deux déclare des discriminations dans l'emploi. "C'est moins l'âge qui apparaît significativement lié aux expériences de discrimination que la présence d'enfants de moins de six ans au sein du foyer", détaille l'enquête. "Dès le début de leur vie professionnelle, les femmes sont discriminées en tant que femme et en tant que potentielle future mère."

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Phénomène frappant: quand leur plus jeune enfant atteint l'âge de six ans, "la présomption de désengagement professionnel qui les frappe s'estompe alors et leur permet d'envisager une carrière professionnelle moins inégalitaire même si les discriminations liées à leur sexe perdureront tout au long de leur parcours".

Un lien ténu entre discrimination et injustice

Autre enseignement du baromètre, les personnes au chômage sont proportionnellement plus nombreuses à déclarer avoir été discriminées au cours des cinq dernières années (environ une sur deux). "Ce constat s'explique par le profil spécifique de la population des chômeurs", spécifie le rapport, soulignant la sur-représentation des jeunes, des personnes en situation de handicap ou d'origine extra-européenne parmi la population pointant à Pôle emploi. Mais il évoque également une possible "perception de sur-stigmatisation chez les chômeurs et une propension à qualifier de discrimination ce qui pourrait relever peut-être plus largement d'un sentiment d'injustice". Ils ont d'ailleurs tendance à inclure leur statut de demandeur d'emploi "parmi les principaux motifs des discriminations dont elles avaient fait l'objet dans leur recherche d'emploi", est-il rappelé.

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Si l'emploi est perçu comme le champ où se jouent le plus de discriminations - ressenti corroboré par les saisines reçues par le Défenseur des droits - c'est vraiment loin devant les autres contextes que sont le voisinage, l'école ou l'université, les services publics, les lieux de loisirs...

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