POLITIQUE - "Nous ne nous en sortirons que si nous faisons des économies importantes grâce au Parlement européen et si nous obtenons des reversements supplémentaires." Ces mots signés par le trésorier du Front national, Wallerand de Saint Just, sont extraits d'un mail adressé en 2014 à Marine Le Pen, et révélé ce mercredi 29 mars par Le Monde.
Le quotidien du soir publie une série d'éléments saisis en perquisition par les enquêteurs au siège du FN, et qui attestent selon eux d'un "système frauduleux" mis en place avec l'aval de la présidente du parti.
Outre une alerte sur les finances frontistes adressée en juin 2014, sont également cités plusieurs documents comptables comportant des mentions explicites, comme "économies dues aux députés européens" ou "économies avec européennes".
Les enquêteurs ont également mis la main sur un courrier adressé par Wallerand de Saint Just à Cotelec, la structure de Jean-Marie Le Pen, dans lequel le trésorier du parti anticipe "les économies réalisées après l'élection européenne [qui] seront chiffrées exactement et lorsque les nouveaux reversements seront mis au point".
Le rapport des policiers accablant
Côté policier, la conviction est faite que le FN avait sciemment mis en place un "système frauduleux". "Il apparaissait que, depuis 2012, le FN avait pour leitmotiv, par l'intermédiaire de ses cadres et sur avis de sa présidente, la volonté de réaliser des économies grâce aux financements du Parlement européen", résument les enquêteurs dans un rapport remis récemment aux magistrats. Le Monde illustre le dispositif avec les cas de plusieurs assistants travaillant pour le compte exclusif du parti, mais rémunérés par le Parlement européen.
On apprend notamment que Charles Hourcade, assistant parlementaire local de l' euro-députée Marie-Christine Boutonnet et graphiste au siège du Front national, n'a eu "aucune communication téléphonique avec sa députée durant la période de son contrat au Parlement européen"... Salaire: 4064 euros brut.
Une accusation "risible"
Wallerand de Saint Just a rapidement réagi à cet article du Monde, estimant sur le ton du complot que le quotidien du soir commettait "une très grave diffamation" et qu'il tenait ses informations "grâce à une violation du secret de l'instruction sûrement grassement rémunérée".
Dans un communiqué, le président du groupe FN en Île-de-France accuse le "journal de M.Bergé (également actionnaire du HuffPost ndlr), soutien de M. Macron" d'exprimer une accusation "risible", expliquant que les économies qu'il anticipait portaient sur "les salariés du Front National qui devenus députés français au parlement européen allaient voir leurs contrats de travail s'interrompre" et que "les 'reversements supplémentaires' étaient ceux attendus des élus départementaux et régionaux dont le nombre devait augmenter considérablement vu les enquêtes d'opinion".
À noter, le trésorier du FN omet de s'exprimer sur les situations ubuesques des assistants parlementaires décrites par le journal et ne se prononce pas sur d'éventuelles poursuites en diffamation.
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