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FRANCE

Intox : non, Macron ne veut pas "rétablir la charia à Mayotte"

Certains sites d’extrême droite affirment depuis quelques jours que le candidat d’En Marche ! souhaiterait rétablir la charia à Mayotte. Une fausse information que France 24 décrypte avec l’aide de la plate-forme Crosscheck.

Emmanuel Macron était en déplacement à Mayotte le 26 mars dernier.
Emmanuel Macron était en déplacement à Mayotte le 26 mars dernier. Eric Feferberg, AFP
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Macron défenseur de la charia à Mayotte : encore une intox propagée par des sites d’extrême-droite dont "Résistance Républicaine". "Macron veut rétablir la charia à Mayotte : polygamie, répudiation des femmes, délit de blasphème", titre ainsi la publication, dans un article mis en ligne le 30 mars 2017 et largement relayé sur les réseaux sociaux.

Des positions que n’a jamais défendues le candidat à la présidentielle, comme mis en évidence la plate-forme Crosscheck, une initiative commune à des dizaines de rédactions, dont celle de France 24, pour lutter contre les fausses informations.

À l’origine, des propos tenus par Mohamadi Bacar Mcolo, présenté comme le "directeur de campagne" du comité local d’En Marche ! sur la chaîne Mayotte 1ère, le 22 mars, soit quelques jours avant la visite du candidat Macron à Petite Terre le 26 mars.

Cet homme a affirmé face au journaliste qui l’interviewait que le candidat d’En Marche ! était favorable au rétablissement du pouvoir des "cadis", ces juges coutumiers dont le pouvoir avait été supprimé en 2010, peu avant que Mayotte, dont 95 % de la population est de religion musulmane, ne devienne le 101e département français.

"Les cadis ont été un peu dépouillés de leurs pouvoirs sur le plan local et on sait très bien que le cadi, c’est un pilier de la cohésion sociale à Mayotte. Emmanuel Macron est d’accord pour leur remettre ces pouvoirs-là", affirme Mohamadi Bacar Mcolo sur la vidéo, sans pour autant faire mention explicitement de la charia.

"L’engagement d’Emmanuel Macron c’est que les lois de la République s’appliquent à toutes et tous"

Au cours d’une visite qui n’a duré que deux heures trente, dimanche 26 mars, Emmanuel Macron n’a pas fait une seule fois mention des juges coutumiers, selon les journalistes de l’AFP présents sur place. Sollicitée par le site de LCI, l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron a clarifié sa position.

"Il y a des réalités locales dans certains territoires que nous ne pouvons pas nier, les cadis de Mayotte en font partie, néanmoins l’engagement d’Emmanuel Macron c’est que les lois de la République s’appliquent à toutes et tous, (…) et que la laïcité s’impose à tous. Il n’y a jamais eu de la part d’Emmanuel Macron, ni des membres de sa campagne, une volonté d’accréditer des prises de positions allant dans le sens de ce que laisse entendre la fachosphère".

Hakim Nourdine, un porte-parole d’En marche ! à Mayotte, a pour sa part indiqué à LCI que l'équipe du candidat souhaitait que la société civile de Mayotte lui fasse des propositions pour l'avenir de l'île, propositions dans lesquelles les cadis ont été mentionnés. "Nous ne voulons pas donner un pouvoir aux religieux, a-t-il précisé, mais plutôt les associer à notre projet de société, solliciter leur soutien afin d'assurer la cohésion sociale de la population mahoraise. Il s'agit d'un rôle de médiateur social, de conseil et d'accompagnement de l'action publique. Cela n'a rien à voir avec la charia ou la répudiation."

Depuis le début de la présence française dans l’île en 1841, et jusqu’à sa départementalisation en 2011, les cadis exerçaient un rôle de "juge, de médiateur et d'institution régulatrice de la vie sociale et familiale", indique un rapport du Sénat datant de novembre 2008.

Mais une ordonnance de 2010, a supprimé la justice cadiale, "recentrant le rôle des cadis – des fonctionnaires de la collectivité départementale sur des fonctions de médiation sociale", comme l’explique cet article du Monde, publié en 2010.

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