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Elections 2017

Le débat des candidats oublie l’écologie

Lors du débat télévisé du 4 avril, les onze candidats auront pu débattre de politique internationale, de lutte contre le terrorisme ou contre la corruption. Seuls Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ont évoqué l’écologie.

« Il est 23h43 et une question fondamentale n’a pas été évoquée »... L’écologie ? Non, la dette, car c’est François Fillon qui prend la parole pour défendre son programme. Durant les trois heures du débat télévisé mardi soir 4 avril, pas une seule question des deux intervieweuses, Ruth Elkrief (BFM TV) et Laurence Ferrari (C-News) n’aura porté sur les questions d’environnement ou d’écologie. Vu le format, il faut reconnaître que les deux modératrices ont été forcées de rester en retrait. Pourtant, à lire les trois grands thèmes du débat, « Comment créer des emplois », « Comment protéger les Français » et « Comment mettre en oeuvre votre modèle social », on se dit que des marges de manoeuvre pour aborder la question auraient pu être imaginées.

Au niveau des candidats, les prises de position sur l’écologie et l’environnement peuvent se résumer en un paragraphe. Jean-Luc Mélenchon a abordé la question de la création d’emploi via la transition écologique et la modification du modèle agricole, au moment de sa déclaration liminaire ainsi que de la première question sur « Comment créer des emplois ».

Jean-Luc Mélenchon a prôné un passage au « mode de production et de consommation écologiste ».

Juste après, du bout des lèvres, Emmanuel Macron aura parlé furtivement d’« investir dans l’écologie » pour créer de l’emploi, après avoir déroulé ses propositions de « simplification du droit du travail ». Philippe Poutou aura quant à lui timidement fait référence à l’intérêt écologique de mettre en place la gratuité des transports. Enfin au moment de la conclusion, Benoît Hamon a dit vouloir incarner la « transition écologique » quand Jean-Luc Mélenchon a prôné un passage au « mode de production et de consommation écologiste ».

Le format, surtout, avec 17 minutes par candidat, qui a autorisé chacun à revenir sur les fondamentaux de son programme avec une certaine liberté. François Asselineau a ainsi pu décliner sa préférence pour un Frexit (sortie de la France de l’Union européenne) à chaque question, Nathalie Arthaud son attachement aux droits des travailleurs... etc. Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ont été les seuls à aborder ce point lors des déclarations d’entrée et de fin de débat.

Benoît Hamon a évoqué la transition écologique.

Pourtant, la plupart des 11 candidats ont intégré la thématique écologique dans leur programme - oui, même Marine Le Pen. Ce que ce débat rend au moins clair, c’est que pour la plupart d’entre eux, elle n’est pas importante. Lorsque l’on parle « protéger les Français », la plupart entendent débattre de terrorisme, à aucun moment de nucléaire ou de perturbateurs endocriniens. Quand on parle de « modèle social », à aucun moment n’apparaît important de parler d’agriculture raisonnée ou de cantines bio.


Sur Notre-Dame-des-Landes, Poutou renvoie Fillon dans les cordes

A un moment, Philippe Poutou devait présenter ses propositions sur les institutions. « On veut une démocratie directe, aujourd’hui, il n’y a pas de démocratie réelle », a-t-il dit, plaidant pour que les projets comme ceux de Sivens ou de Notre-Dame-des-Landes, « destructeurs pour l’environnement », soient actés par la population.

François Fillon - qui était Premier ministre lorsque la déclaration d’utilité publique du projet d’aéroport avait été faite - a alors affirmé qu’un référendum avait eu lieu sur ce projet. Philippe Poutou a rétorqué que le référendum avait été « trafiqué ». « Le référendum, ce n’est pas la solution. Et puis, quand il y en a des vrais, de toute façon, on ne tient pas compte de l’avis de la population. C’était le cas en 2005 » - l’année où avait eu lieu le référendum sur la Constitution européenne.

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