Paris : une militante transgenre sauvagement agressée dans le Marais

L’agresseur anonyme qui s’en est pris à Émilie Dauby, responsable Île-de-France de l’Association nationale transgenre, s’est littéralement déchaîné sur sa victime. 

L’agression a eu lieu devant le centre LGBT, au 63, rue Beaubourg (IIIe), à Paris.
L’agression a eu lieu devant le centre LGBT, au 63, rue Beaubourg (IIIe), à Paris. Google street view

    Une fracture du nez, des hématomes à l'arcade sourcilière, des douleurs aux cervicales qui imposent le port d'une minerve, et une ITT (incapacité totale de travail) de 11 jours constatée par les services de police… L'agresseur anonyme qui s'en est pris à Émilie Dauby, responsable Île-de-France de l'Association nationale transgenre, s'est littéralement déchaîné sur sa victime. «En raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre», selon les termes de la plainte que la militante transgenre de 59 ans a déposée au commissariat du IIIe arrondissement.

    L'agression, révélée ce mercredi par le centre LGBT (lesbien, gay, bi et trans) de Paris, s'est déroulée le 5 avril dernier, dans la rue Beaubourg (IIIe), devant le centre où Émilie Dauby assurait une permanence d'écoute. «À 14h30, comme il n'y avait personne, je suis allée me boire un café à la brasserie d'en face. Je traversais sur le passage piéton quand un motard m'a frôlée et a failli m'écraser. Je l'ai traité de c... », explique Émilie, encore surprise par le déferlement de violences qui a suivi.

    «Il a commencé à me bombarder d'injures transphobes»

    Le motard met en effet son deux-roues sur la béquille et vient au-devant de la piétonne. «Quand il a vu que j'étais une femme transgenre, il a commencé à me bombarder d'injures transphobes. Puis il a commencé à me pousser», se souvient Émilie. La militante LGBT tourne alors le dos à son agresseur pour aller se réfugier dans le café. C'est à ce moment que le motard lui assène un énorme coup de poing au visage qui l'a projetée au sol.

    «Des clients du café l'ont mis en fuite alors qu'il s'apprêtait à me frapper à coups de pied alors que j'étais à terre», indique la militante transgenre. Son agresseur, qui a gardé son casque intégral, n'a pas pu être identifié. Mais plusieurs témoins de la scène ont relevé le numéro de plaque de sa moto. Au lendemain de la révélation de cette agression, les réactions d'indignation se sont multipliées.

    «Soyons unis contre la haine de l'autre», a tweeté la maire de Paris Anne Hidalgo, en apportant son soutien à la victime. «Paris ne tolérera jamais la haine et la transphobie», indique quant à elle Hélène Bidard, adjointe (PC) chargée de la lutte contre les discriminations.

    En 2016, SOS homophobie a enregistré 63 témoignages d'actes de transphobie. «Moi, je n'avais encore jamais été victime d'une telle agression physique, explique Émilie Dauby. Les agressions verbales sont en revanche fréquentes. La plus violente d'entre elles, c'est quand on m'appelle volontairement Monsieur… comme pour nier mon identité.»