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La confusion sexuelle dans les vignes de Chablis

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Les vignerons du Chablisien sont de plus en plus nombreux à opter pour la technique de « confusion sexuelle » afin de lutter contre les espèces de papillons ravageurs. Cette alternative aux pesticides permet de limiter la population d’insectes grâce à des hormones diffusées dans les vignes.

Christophe Lecomte, technicien chez Soufflet Vignes, installe un diffuseur d'hormones à Poinchy. Il en faut 500 par hectare pour que cela soit efficace.
Christophe Lecomte, technicien chez Soufflet Vignes, installe un diffuseur d'hormones à Poinchy. Il en faut 500 par hectare pour que cela soit efficace. © Radio France - Imane Liafory

La confusion sexuelle s'installe dans le vignoble du Chablisien. Fort heureusement, elle ne concerne pas les vignerons mais les papillons qui ont de plus en plus de mal à s’accoupler à cause d’hormones diffusées dans les vignes. Une technique qui permet de maitriser la population d’insectes nuisibles sans avoir recours aux pesticides.

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Saturer l’air d’hormones de femelles papillons

La technique de la confusion sexuelle dans les vignes a pour objectif d’empêcher la prolifération de deux espèces de papillons, le Cochylis et l'Eudémis. Ce sont les principaux insectes ravageurs dans le vignoble de Chablis. La méthode consiste à installer des diffuseurs de phéromones de papillons femelles, sous forme de capsules suspendues aux fils de vignes. Dans un environnement saturé d’hormones sexuelles, les papillons mâles ne savent plus où donner de la tête et ne parviennent pas à trouver de partenaire. «Ainsi on réduit les accouplements et on limite le développement de larves qui mangent les raisins et sont sources de pourriture sur la vigne », expose Paul Narrat, responsable chez BASF, la société agroalimentaire qui a inventé le concept il y a une vingtaine d’années. « Avec cette biotechnologie, on ne fait qu’imiter la nature, conclut Paul Narrat, les papillons peuvent aller se reproduire plus loin dans les talus. »

On réduit les accouplements des papillons et on limite le développement de larves qui mangent les raisins.

- Paul Narra, représentant chez BASF

Une méthode présentée comme écologique

La méthode est certifiée biologique car elle n’a recours à aucun insecticide conventionnel. De plus les vendeurs du produit assurent aux viticulteurs qu’ils pourront économiser deux passages d’insecticides sur leurs parcelles pendant la saison. Cette année, une dizaine de viticulteurs du Chablisien se sont laissés convaincre et des diffuseurs d’hormones ont été installés en avril sur 40 hectares de vignes, sur la commune de Poinchy.

La capsule est efficace pendant six mois pour diffuser des phéromones, ensuite elle est recyclée.
La capsule est efficace pendant six mois pour diffuser des phéromones, ensuite elle est recyclée. © Radio France - Imane Liafory

Alexandre Simonot, qui travaille en viticulture conventionnelle à Poinchy, évoque une nouvelle mentalité qui émerge dans le milieu: «Utiliser moins de produits chimiques, c’est dans l’air du temps. On montre aux gens qu’on se bouge en tant que vignerons et qu’on ne fait pas que polluer. ». Cette conscience écologique a un coût puisque les diffuseurs de phéromones sont deux fois plus chers que les insecticides. « Il faut voir le bénéfice sur le long terme, relativise Denys Pommier, viticulteur passé en bio depuis cinq ans_, car la qualité du vin s’améliorera forcément._»

Quid des effets des phéromones sur les autres insectes et sur l’homme ?

« Les phéromones sont spécifiques aux deux espèces de papillons visées, elles n’ont aucun effet sur les autres insectes, encore moins sur l’homme », assure Christophe Lecomte, technicien chez Soufflet Vigne, entreprise chargée de la distribution des produits phytosanitaires et de conseils auprès des vignerons. « On a assez de recul dans la recherche et les évaluations des produits pour connaître leurs conséquences », surenchérit Didier Masson, directeur commercial chez Soufflet Vigne.

Utiliser moins de produits chimiques, c’est dans l’air du temps.

- Alexandre Simonot, viticulteur de Chablis à Poinchy

Les méthodes de confusion sexuelle sont en effet déjà très répandues dans d’autres régions : sur 2000 hectares en Côte d’Or ; 12 000 hectares en Aquitaine et Charente et 16 000 hectares en Champagne Ardennes. A côté, les vignerons de l’Yonne font encore figure de débutants mais la pratique se développe à grande vitesse : il y a deux ans, la confusion sexuelle n’était utilisée que sur 20 hectares du vignoble chablisien. Désormais, c’est une pratique installée sur 120 hectares.

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