Les postiers créent leur ferme sur le toit du centre de la Chapelle

 18, boulevard de la Chapelle (XVIIIe), ce samedi. Des postiers bénévoles réunis dans l’association Facteur graine créent une mini-ferme sur le grand toit du centre de distribution courrier de la Chapelle.
18, boulevard de la Chapelle (XVIIIe), ce samedi. Des postiers bénévoles réunis dans l’association Facteur graine créent une mini-ferme sur le grand toit du centre de distribution courrier de la Chapelle. (LP/J. D.)

    Après avoir grimpé quatre étages, une odeur de sous-bois vient titiller les narines. L'endroit n'a pourtant rien de bucolique : nous sommes sur le toit-terrasse du centre de distribution du courrier de la Chapelle (XVIIIe) où travaillent 540 salariés de la Poste, cernés par les rails de chemin de fer, le métro aérien, les voitures… C'est là qu'une poignée de postiers bénévoles réunis au sein du collectif Facteur Graine aménagent depuis la semaine dernière une mini-ferme de 900 m2 où ils sèmeront bientôt fruits, légumes, aromates, plantes médicinales avant l'arrivée d'une dizaine de poules, de trois ruches, d'une petite serre pour les semis.

    Le toit en préparation

    « Voici notre champ, le champ des possibles » désigne en souriant Sophie Jankowski, ex-directrice d'un bureau de poste et présidente de Facteur Graine. Lorsque La Poste a mis à disposition le toit dans le cadre de l'appel à projet Parisculteurs lancée l'an dernier par la Ville de Paris, elle a sauté sur l'occasion, épaulée par cinq de ses collègues. Réalisé avec Cultures en ville, des spécialistes de l'agriculture urbaine, leur projet fait la part belle à la permaculture : une méthode qui s'inspire de la nature en associant les variétés entre elles afin que les plantes se protègent et se fertilisent.

    « On veut créer un toit expérimental pour réapprendre à cultiver et manger local, détaille Sophie Jankowski. Les paniers récoltés (1,5 t de cultures attendue) iront aux bénévoles mais aussi aux gens du quartier, aux restaurateurs ». Avant cela, le collectif cherche des postiers volontaires, à commencer par ceux du centre de La Chapelle. Une trentaine a déjà été séduite dont Michel Hoen, responsable du bâtiment. « Mettre un peu de vert dans la noirceur du béton, c'est un gros plus » reconnaît le salarié, déjà impatient d'aller biner après le bureau. « Il y a une dimension de bien-être au travail, de gagner sur la qualité de vie » reconnaît David Calvez, vice-président de l'association qui travaille au siège du groupe.

    En attendant la première tomate bio, les postiers jardiniers ont commencé à acheminer là-haut 9 t de matériaux sur le toit (substrat, planches pour délimiter les cultures, sacs postaux transformés en bacs à culture). Et ont lancé sur le site Kisskissbankbank une collecte de 20 000 € sur Internet qui s'achève ce mardi. La mini-ferme des postiers a déjà reçu le soutien de l'actrice Bérénice Béjo, du chef Yves Camdeborde et du réalisateur Cyril Dion. Et elle fait déjà rêver d'autres postiers à Aix, Albi ou Nantes. « On espère inspirer d'autres projets, reconnaît Sophie Jankowski. On est 200 000 postiers en France et La Poste compte je ne sais combien de km 2 de toits. On doit bien pouvoir reproduire ça ».

    Le boom de l’agriculture urbaine