La crainte des ménages français face au chômage a progressé de 3 points en février, selon l'Insee. Leur opinion sur leur niveau de vie futur s'est contracté de 5 points. Ces inquiétudes sont justifiées: en janvier le nombre d'inscrits à Pôle emploi a encore augmenté.

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Signe de la violence et de la longueur de la crise, le nombre de chômeurs de longue durée a fortement progressé (+12,3% en un an). Plus de 2 millions sont sur les listes de Pôle emploi depuis plus d'un an, un million depuis plus de deux ans. En conséquence, un nombre croissant de chômeurs arrive en fin de droits et bascule dans le régime de la solidarité nationale.

Moins d'un demandeur d'emploi sur deux (48%) est aujourd'hui indemnisé par l'assurance chômage. Les autres touchent le revenu de solidarité active (RSA) ou l'allocation de solidarité spécifique (ASS) pour les plus de 50 ans. Soit un revenu minimum garanti d'un peu moins de 500 euros par mois (15 euros par jour) pour une personne seule.

Privations alimentaires

Ce revenu ne permet pas de vivre décemment. C'est ce que démontrent deux études publiées cette semaine par la DREES (ministère des Affaires sociales) sur les conditions de vie et de logement des bénéficiaires de minima sociaux. Elles dévoilent une pauvreté et une précarité largement répandues parmi les allocataires.

Selon la DREES, plus de la moitié des bénéficiaires de minima sociaux sont considérés comme pauvres en termes de conditions de vie, à la fin 2012. C'est cinq fois plus que la moyenne nationale. Ces personnes cumulent au moins huit difficultés parmi les vingt-sept retenues par l'Insee, entre contraintes budgétaires, retards de paiement, restrictions de consommation et difficultés liées au logement.

Cette pauvreté, plus large que la pauvreté monétaire, se traduit essentiellement par des privations: 60% d'entre eux en souffrent, soit deux fois plus que les plus modestes de l'ensemble de la population. Les privations alimentaires sont les plus répandues (20%). Par manque d'argent pour se nourrir, 9% ont recours aux colis alimentaires ou aux distributions de repas. Leur santé est également touchée: alors qu'un quart se déclare en mauvaise santé, 18% ont renoncé à consulter un médecin et 29% un dentiste, contre respectivement 1% et 10% pour l'ensemble de la population.

Logements surpeuplés

Ne pas accéder à un logement est un autre marqueur de la pauvreté. Un bénéficiaire de minima sociaux sur quatre n'a pas son propre logement. Ils sont alors hébergés par des proches (18%) ou occupent un logement d'emprunt, les autres vivant en foyer ou en résidence sociale (2%), en centre d'hébergement, à l'hôtel, dans une habitation mobile ou sont sans domicile (3%). Parallèlement, plus du tiers des bénéficiaires de minima sociaux vivent dans un logement social.

Globalement, leurs conditions d'habitat sont très difficiles. 8% d'entre eux ne disposent pas des normes du confort de base, notamment sanitaire (eau chaude, toilettes, chauffage). Un allocataire sur cinq vit dans un logement surpeuplé, soit trois fois plus souvent que l'ensemble des Français. Ces allocataires rencontrent aussi des difficultés financières liées à leurs dépenses de logement: plus d'un tiers d'entre eux n'ont pu y faire face au cours de l'année passée.

Les plus affectés sont les bénéficiaires du RSA socle (ex-RMI): plus des deux tiers sont pauvres en conditions de vie. Parmi les chômeurs en fin de droits bénéficiaires de l'ASS, 59% sont affectés ; ils sont 57% parmi les bénéficiaires du RSA activité. La pauvreté touche également 47% des allocataires du minimum vieillesse et 38% des allocataires de l'allocation adulte handicapé (AAH).

Quelle que soit la hiérarchie, la conclusion reste la même : les tensions dans les conditions de vie et de logement frappent deux fois plus les bénéficiaires de minima sociaux (60%) que les autres ménages les plus modestes (30%).

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