Egypte : le pape attendu en avocat de la tolérance ce vendredi au Caire

Dans un climat dramatique pour la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient, le dialogue avec les musulmans sera au cœur du voyage du pape François ce vendredi en Egypte.

Archives. Vatican (Italie) le 23 mai 2016. Le pape François lors d'une audience privée avec le grand imam égyptien de la mosquée d'Al-Azhar, le Cheikh Ahmed al-Tayeb. 
 
Archives. Vatican (Italie) le 23 mai 2016. Le pape François lors d'une audience privée avec le grand imam égyptien de la mosquée d'Al-Azhar, le Cheikh Ahmed al-Tayeb.    AFP

    Le pape François entame ce vendredi un voyage au Caire dans un climat dramatique pour la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient, cible d'attaques djihadistes, l'occasion pour cet avocat de la paix de prôner la tolérance au côté du grand imam sunnite d'Al-Azhar. L'avion papal doit décoller de Rome à 10 h 45 et atterrir au Caire à 14 heures pour une visite éclair de 27 heures dans un pays placé sous état d'urgence après deux attaques contre des églises coptes qui ont fait 45 morts le 9 avril, revendiquées par Daech.

    Crainte d'un attentat lors de cette visite sous haute surveillance. Toutes les églises d'Egypte ont été placées sous haute surveillance dans la crainte d'un attentat durant le voyage du pape, dont les déplacements seront ultra-sécurisés, selon des sources de sécurité égyptiennes. «S'il vous plaît, priez pour mon voyage demain comme pèlerin de paix en Egypte», a tweeté jeudi le souverain pontife.

    La menace est omniprésente: les djihadistes se sont engagés à multiplier les attaques contre les coptes, majoritairement orthodoxes, qui représentent environ 10% des 92 millions d'Egyptiens. En décembre, un autre attentat suicide à la bombe revendiqué par Daech avait déjà fauché 29 personnes dans l'église copte Saint-Pierre et Saint-Paul du Caire, où François se recueillera pour une prière oecuménique en fin de journée avec le pape de l'Eglise copte orthodoxe, Tawadros II.

    Rencontre avec le président égyptien et le grand imam sunnite de la mosquée d'Al-Azhar. A son arrivée en Egypte, François se rendra en premier lieu au palais présidentiel pour une courte visite privée avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. Largement soutenu par les chrétiens d'Egypte après le renversement de l'islamiste Mohamed Morsi en 2013, l'ancien chef de l'armée a été le premier président égyptien à se rendre à la messe de Noël à la cathédrale copte orthodoxe du Caire.

    Une nouvelle législation sur les églises, qui en remplace une autre très restrictive héritée de l'époque ottomane, a en outre été promulguée en 2016 pour faciliter les procédures de construction d'églises. Elle ouvre la voie à la légalisation de nombreuses églises construites sans autorisation et parfois investies par des fidèles musulmans.

    Temps fort de la journée, le pontife argentin donnera l'accolade au grand imam de la mosquée d'Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb, avant de prononcer un discours à une «conférence internationale de paix» organisée par la vénérable institution islamique. Vieille de presque mille ans, elle héberge une université et des écoles attirant des étudiants du monde entier. Les dignitaires de ce bastion traditionnel de l'islam sunnite vouent une haine profonde au djihadisme inspiré du salafisme rigoriste dominant en Arabie saoudite.

    Réchauffer dix ans de relations glaciales. La visite du pape au Caire vise aussi à réchauffer dix ans de relations glaciales entre Al-Azhar et le Vatican, qui s'étaient crispées après des propos controversés du pape Benoît XVI semblant associer islam et violence lors d'un discours en 2006 à Ratisbonne (Allemagne). L'institut cairote avait ensuite gelé ses relations avec le Vatican lorsque Benoît XVI avait appelé spécifiquement à protéger les chrétiens après un attentat-suicide meurtrier contre une église copte orthodoxe.

    Depuis son élection en 2013, Jorge Bergoglio, désireux de promouvoir la paix, multiplie les gestes symboliques d'ouverture envers les musulmans, au point de déconcerter parfois certains fidèles chrétiens. Il s'est rendu dans des mosquées, a lavé à Pâques les pieds de migrants musulmans ou encore ramené à Rome à bord de son avion trois familles syriennes musulmanes lors d'un déplacement sur l'île grecque de Lesbos.

    Le chef spirituel de près de 1,3 milliard de catholiques célébrera enfin samedi une messe dans un stade militaire de la banlieue du Caire pour la très minoritaire communauté catholique égyptienne, 272.000 fidèles de différents rites déterminés à lui offrir un accueil mémorable.