Claude Guéant devant la commission Kazakhgate dans un contexte de révélations accablantes

Claude Guéant devant la commission Kazakhgate dans un contexte de révélations accablantes

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Par Ju. Vl. avec Philippe Walkowiak et Fabien Van Eeckhaut

Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur sous Nicolas Sarkozy, est entendu par la commission d'enquête parlementaire Kazakhgate ce mercredi. Ce dernier n'était pas obligé de venir devant la commission mais il a accepté malgré tout. Dans cette affaire du Kazakhgate, Claude Guéant aurait joué un rôle central.

Il s'agissait, on le rappelle, pour la France de signer un gros contrat aéronautique avec le Kazakhstan. Dans le cadre de celui-ci, le président kazakh aurait fait savoir aux Français que tirer ses amis milliardaires d'une condamnation en Belgique favoriserait la signature de ces contrats à neuf chiffres. L'élaboration chez nous d'une loi de transaction pénale était censée tirer de leurs ennuis judiciaires en Belgique ce trio d'hommes d'affaires kazakhs (comme demandé par le président kazakh Nazarbaiev à son ami Nicolas Sarkozy).

Claude Guéant est soupçonné d'avoir été l'une des figures centrales de cette campagne de trafic d'influence présumée.

Condamné à la prison ferme pour détournement d'argent public

C'est lui que rencontrent à déjeuner à l'Elysée Armand De Decker et l'avocate française Catherine Degoul qui sert de lien entre France et Belgique.

C'est à lui que l'on aurait remis une fiche de la sûreté belge sur un rival du trio kazakh à écarter. C'est lui que l'on informe des ministres "conscientisés" chez nous sur le dossier. C'est à lui que l'on fait rapport de tout ce qui a été entrepris et que l'on prie de remercier Armand De Decker. C'est lui qui est mis en copie ensuite de courriers sur des litiges d'honoraires entre avocats, comme ultime moyen de pression.

Interrogé mais pas inculpé côté français, Claude Guéant, a toujours tout démenti, ne se souvenant pas, écartant tout lien entre l'Elysée et l'affaire chez nous et rejetant l'idée de toute rétrocommission.

Déjà plombé par d'autres affaires, condamné récemment à la prison ferme pour détournement d'argent public lorsqu'il était directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy (alors ministre de l'Intérieur), il viendra livrer ce matin "sa" version des faits dans ce dossier sulfureux.

Un exercice oral qui sera d'autant plus compliqué par les informations divulguées ce mercredi matin par Le Vif/L'Express et De Standaard qui diffusent deux nouveaux documents attestant, selon eux, l'implication de l'ex-ministre de l'Intérieur de Sarkozy dans le Kazakhgate.

Pouvez-vous toucher ou faire toucher Chodiev?

Il s'agit notamment d'une carte manuscrite de Claude Guéant lui-même, évoquant le travail accompli par Armand De Decker "pour les intérêts de la France".

Il s'agit d'une note manuscrite rédigée par Claude Guéant. Elle est adressée directement au conseiller diplomatique du président Sarkozy, Damien Loras. Elle est sans équivoque: "Cher Damien, J'ai eu A. De Decker au téléphone. C'est vrai que lui et son équipe ont fait un magnifique travail qui ne peut que servir les intérêts de la France. Mon souci maintenant est très prosaïque: c'est que les avocats qui ont travaillé pour Chodiev soient maintenant rémunérés. Pouvez-vous toucher ou faire toucher Chodiev? Amitiés." Et c'est signé Claude Guéant (C.G.).

Le document date du mois d'août 2011, quelques semaines après que Patok Chodiev et ses comparses aient bénéficié d'une loi sur mesure pour échapper à la Justice belge et que le gouvernement français a directement traité avec Armand De Decker. Cela confirme aussi qu'il y avait bien un problème d'honoraires, comme indiqué par des courriers précédents dont certains où l'on retrouve Didier Reynders en copie.

Kazakhgate : des fuites dans la presse qui accablent Armand de Decker

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De nouveaux liens entre Didier Reynders et le "Kazakhgate"

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Avec cette implication directe du ministre français, l'affaire touche désormais les plus hautes sphères des deux gouvernements.

Le Kazakhagte devient bien une affaire d'État. De quoi animer la commission parlementaire de ce mercredi.

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