Cybersécurité : un inquiétant «malware» chinois infecte 250 millions d’ordinateurs

Une entreprise chinoise aurait propagé un logiciel malveillant particulièrement sournois. Celui-ci aurait déjà touché une entreprise sur cinq dans le monde.

Le logiciel FireBall a été propagé depuis la Chine, selon l'entreprise de cybersécurité CheckPoint.
Le logiciel FireBall a été propagé depuis la Chine, selon l'entreprise de cybersécurité CheckPoint. (AFP/PHILIPPE LOPEZ)

    C'est un logiciel invisible et sournois qui, à tout moment, peut décider de prendre le contrôle de votre ordinateur à l'autre bout du monde. L'entreprise spécialisée dans la cybersécurité CheckPoint dit avoir découvert qu'un logiciel malveillant, dit «malware», avait secrètement infecté 250 millions d'ordinateurs. Avec, probablement, la guerre économique que se livrent les grandes puissances pour racine : le programme, chinois, touche une entreprise sur cinq dans le monde.

    Au départ, il y a un appât : celui de logiciels ou d'applications qui permettent gratuitement des services après installation. Certains promettent par exemple de se connecter au Wi-Fi... sans frais. L'internaute, vite achalandé, ne se doute alors pas qu'un autre logiciel accompagne son installation.

    «Un logiciel hybride, extrêmement sophistiqué»

    «Dans le cas présent, on a affaire à un logiciel hybride, extrêmement sophistiqué techniquement et qui répond aux critères des logiciels les plus dangereux», explique au Parisien Thierry Karsenti, Vice-Président Technique Europe chez Check Point.

    Au premier coup d'oeil, «FireBall» peut passer pour un simple «adware» : ces programmes, parfois invisibles et capables de survivre des mois, voire des années sur le matériel contaminé, permettent de créer frauduleusement des revenus publicitaires en générant des clics à l'insu de l'utilisateur.

    Des mouchards pour récupérer mots de passe et codes de CB

    Mais «FireBall fait bien plus que cliquer, reprend Thierry Karsenti. Avec lui, tout ordinateur infecté peut être manipulé à distance. Il peut conserver la traçabilité totale de vos faits et gestes sur le web, insérer des mouchards et ainsi récupérer vos mots de passe de messagerie en ligne ou même vos numéros de carte bleue… Il suffit que l'ordre soit donné.»

    Pour parfaire le tableau, le logiciel est armé pour échapper aux radars des systèmes de sécurité «réseau» des sociétés. Dans le monde, 20% des entreprises auraient au moins un ordinateur contaminé. Comme si les pirates avaient un oeil dans les salles de réunion du monde entier...

    Selon CheckPoint, à l'origine de la propagation se trouverait RafoTech, une agence de marketing digital basée à Pékin.«Quand on connaît le contrôle gouvernemental chinois sur Internet…», souffle Thierry Karsenti. Et de rappeler que «toute puissance a un intérêt à pouvoir accéder à 250 millions d'ordinateurs dans le monde».