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Logos manquants, couleurs ambiguës, slogans trompeurs : les affiches des législatives sèment la confusion

Il n’est pas toujours facile de savoir à quel parti appartiennent les candidats lorsque l’on regarde leurs affiches. Pour ces législatives, la propagande électorale est particulièrement trompeuse.

Par  et

Publié le 08 juin 2017 à 10h35, modifié le 10 juin 2017 à 06h43

Temps de Lecture 4 min.

L’affichage électoral est tout un art. Pour un(e) candidat(e), mettre au point sa propagande électorale revient à se poser toute une série de questions :

  • Dois-je mettre ma tête en gros même si je suis peu connu ?
  • Dois-je mettre la tête du leader de mon parti, même s’il n’est pas candidat dans ma circonscription ?
  • Faut-il mettre un slogan ?
  • Dois-je afficher que j’appartiens à tel parti politique, même s’il n’est pas très populaire en ce moment ?
  • Puis-je emprunter le style graphique ou les mots des slogans d’un parti concurrent pour faire croire que je suis lié à lui ?

Selon les réponses apportées à ces interrogations, c’est toute une stratégie électorale qui se dessine.

Pour l’électrice et l’électeur, le résultat porte parfois à confusion. Comme en ce moment dans certaines circonscriptions.

Pour savoir exactement pour qui vous allez voter, on vous aide à vous y retrouver.

Peut-on se fier au nom du parti ?

Pas toujours. Il arrive que certains candidats utilisent le logo ou le nom de leur parti, alors qu’ils n’ont pas été investis par lui, afin de bénéficier de sa popularité.

A Clichy et Levallois-Perret, en région parisienne, deux candidats arborent par exemple le logo Les Républicains (LR), mais un seul représente vraiment ce parti. Dans la 9e circonscription du Nord, Bernard Gérard, qui a été investi, a porté plainte contre Jérôme Garcia, non investi par le parti mais qui indiquait « Votre député Républicain » (le 24 mai, la justice a débouté Bernard Gérard).

Il arrive aussi que les candidats ne montrent aucun signe de leur appartenance à leur parti politique, car ils estiment que cela pourrait leur nuire, au vu d’un résultat décevant à la présidentielle dans la circonscription où ils se présentent.

C’est le cas de la cheffe et animatrice de télévision Babette de Rozières, à Paris, qui n’indique ni sur son affiche ni sur son compte Twitter qu’elle est une candidate LR.

L’actuel ministre de l’économie Bruno Le Maire, qui a par le passé été élu deux fois avec l’étiquette Les Républicains, se présente cette fois pour La République en marche (LRM), le parti du président Macron. Mais il ne l’indique pas sur son affiche, et ne donne aucun indice.

Peut-on se fier à la couleur ?

Il fut un temps où la couleur était un marqueur politique : rouge pour les communistes, rose pour les socialistes, bleu foncé pour la droite. Aujourd’hui, ces couleurs peuvent être perçues comme un handicap.

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Ainsi, le candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a abandonné, en 2017, le rouge révolutionnaire qu’il utilisait en 2012, pour un turquoise moins connoté.

Marisol Touraine, ancienne ministre de la santé et candidate en Indre-et-Loire, n’indique pas son appartenance au Parti socialiste (PS) et évite les couleurs traditionnellement associées à la gauche. Pas de rouge ni de rose sur cette affiche parée de bleu (traditionnellement associé à la droite) et de jaune (souvent associé au centre, et particulièrement à Emmanuel Macron).

Peut-on se fier aux personnages en photo ?

Oui, mais attention. Il arrive, pour profiter de la popularité à l’échelle nationale du leader de leur parti, que les candidats mettent son portrait sur l’affiche.

C’est le cas sur certaines des affiches de La France insoumise, l’objectif étant de capitaliser sur le bon résultat de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.

Chez LRM, la mise en scène porte encore plus à confusion. Si l’on regarde les affiches un peu trop vite, on a l’impression que le président Emmanuel Macron est le suppléant du candidat. Dans ces cas, le message est clair : voter pour ce candidat, c’est voter pour Emmanuel Macron.

Les choses deviennent encore plus compliquées lorsque les candidats utilisent l’image d’Emmanuel Macron alors qu’ils affrontent un candidat LRM.

Investi par le Parti socialiste, Erwann Binet a utilisé par exemple des affiches sur lesquelles apparaît le président, alors qu’il se présente contre Caroline Abadie, investie, elle, par LRM.

Peut-on se fier à la mention « avec Macron » ou « majorité présidentielle » ?

A Paris, l’ancienne ministre du travail de François Hollande, Myriam El Khomri, précise sur son affiche : « Avec Emmanuel Macron ». Or, si le parti du président a décidé effectivement de ne pas présenter de candidat pour « laisser la place » à Myriam El Khomri, cette dernière est bien candidate du PS.

Même stratégie pour Marisol Touraine (PS) en Indre-et-Loire qui favorise l’ambiguïté en faisant apparaître : « Candidate de la majorité parlementaire avec Emmanuel Macron », laissant entendre qu’elle représente LRM, ce qui est faux. Manuel Valls, candidat divers gauche en Essonne (il n’a pas obtenu l’investiture du PS), utilise la même stratégie.

Dans la 11e circonscription de Paris, Armelle Malvoisin, candidate indépendante, s’annonce « Avec Emmanuel Macron » alors qu’elle n’a pas demandé d’investiture LRM. Or elle affronte la candidate du MoDem Marielle de Sarnez, soutenue, elle, par Emmanuel Macron.

Alors, comment sait-on pour qui on vote ?

Pour être sûr à 100 %, il n’y a qu’une solution : regarder les listes des candidats dans votre circonscription et le parti qui leur est rattaché.

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