Conférence de presse de Copé : les médias visés lui répondent

 

Conférence de presse de Copé : les médias visés lui répondent

    Mis en cause personnellement par une enquête du Point sur une société fondée par des proches, qui aurait, selon le magazine, profité des dépenses de l'UMP en 2012, Jean-François Copé s'en est pris aux médias. Lors d'une conférence de presse, ce lundi, le président de l'UMP a dénoncé un «lynchage» et réclamé que, comme les élus, les «principaux dirigeants et salariés des médias» qui touchent des subventions publient leur patrimoine. Il a conditionné la publication des comptes de l'UMP au vote de cette loi. Il annonce qu'il va porter plainte en diffamation dès mardi.

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    Si Alain Juppé dit comprendre l'irritation de Jean-François Copé, le maire de Bordeaux trouve les attaques à l'encontre des médias «un peu injustes». La presse n'a d'ailleurs pas tardé à répliquer. Petit florilège des réactions.

    «Un leurre»

    Etienne Gernelle, directeur de publication du Point : «C'est une manoeuvre dilatoire pour ne pas publier les comptes de l'UMP, c'est à pleurer de rire», a-t-il rétorqué, interrogé sur BFM-TV, ajoutant : «C'est gros comme une maison» car Copé «subodore que cette loi ne sera pas votée (...) Il y a quelque chose qui s'appelle une presse libre et indépendante, il le découvre... C'est une enquête, tout est prouvé.»

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    Renaud Dély, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur  : «Jean-François Copé agite un leurre pour détourner l'attention de ses difficultés, en laissant entendre que les journalistes sont tous suspects, tous pourris (...) C'est une dérive populiste que de jeter l'opprobre sur l'ensemble des partis et des médias. Et je ne pense pas que Jean-François Copé croie lui-même que ces rideaux de fumée se concrétiseront».

    «Une échappatoire»

    Rémi Godeau, rédacteur en chef de L'Opinion : «Jean-François Copé n'a pas voté la loi sur la transparence de la vie publique. (...) Il y a une loi qui préserve en France le personnel politique et tous les citoyens contre ce qu'on pourrait considérer comme les abus de la presse, en particulier en matière diffamatoire, qui est beaucoup plus stricte qu'ailleurs à l'étranger. Donc, pour l'instant, je ne vois pas pourquoi on ferait beaucoup plus».

    Eric Decouty, directeur adjoint de la rédaction de Libération : «C'est insensé. Lors de l'affaire Cahuzac et du projet de loi sur la moralisation de la vie politique, il avait été un des élus les plus hostiles à la transparence. C'est amusant de le voir s'ériger à présent en défenseur de la transparence ! A chaque fois que les hommes de pouvoir sont visés par une enquête, ils crient au complot !».

    Michel Gaillard, directeur du Canard Enchaîné : «C'est une échappatoire, un brouillard pour ne pas répondre aux questions. Il doit changer d'agence de com'. Qu'il commence à publier ses comptes d'avocat. Lui qui était contre la publication du patrimoine des parlementaires, c'est amusant», a-t-il noté, soulignant que l'hebdomadaire satirique publie ses comptes chaque année.

    Des «journalistes boucs émissaires»

    Edwy Plenel, patron du site Médiapart : «Sur les aides publiques à la presse, nous avons toujours revendiqué la transparence et nous avons gagné car le détail des aides a été publié pour la première fois l'an dernier. Mais c'est scandaleux de mettre sur le même plan les partis politiques et les journalistes à titre individuel. C'est une diversion scandaleuse. La transparence de l'argent public donné aux partis doit être une évidence, elle a été obtenue par les journalistes. Il veut faire des journalistes des boucs émissaire».

    Dominique Pradalié, secrétaire générale du Syndicat national des journalistes (SNJ) : «C'est un coup politique, il n'y a pas une chance pour que ses propositions passent, donc il est tranquille, il n'aura pas répondre des comptes de l'UMP en public. (...) Les journalistes sont une cible qu'ils veut désigner au public, c'est ridicule.»