Publicité

Les salariés français toujours plus nombreux à travailler en Suisse

•En Suisse, le nombre de travailleurs frontaliers - dont la moitié est française - a augmenté l'an dernier de 3 %.•En France, les frontaliers s'opposent à la suppression, au 1 er juin 2014, du libre choix de leur assurance-maladie.

ECH21640111_1.jpg

Par Monique Clémens, Christian Lienhardt (Correspondant à Strasbourg)

Publié le 5 mars 2014 à 01:01

La polémique sur le référendum suisse anti-immigration et anti- frontaliers ne décourage pas les salariés désireux de trouver du travail dans la Confédération helvétique. Selon les chiffres publiés mardi par l'Office fédéral des statistiques, le nombre de frontaliers venant en Suisse a augmenté en 2013 de 3,8 %, pour atteindre 278.500 personnes à la fin décembre. Plus de la moitié (52,4 %) habitent en France, 23,7 % en Italie et 20,5 % en Allemagne. Sur les cinq dernières années, soit entre 2008 et 2013, le nombrer d'étangers habitant près des frontières et travaillant en Suisse a ainsi augmenté de presque 30 %, avec 62.000 personnes.

Dans l'Hexagone aussi, le sujet est sensible, mais pour d'autres raisons. La bronca se poursuit contre le projet du gouvernement de réformer leur statut d'assurance-maladie. Le 23 février dernier, une opération escargot a encore eu lieu à Morbier dans le Jura français, près de la frontière. Jusqu'alors, le régime dérogatoire dont bénéficiaient les frontaliers leur permettait d'opter soit pour le système suisse d'assurance-maladie (LAMal), relativement onéreux mais très performant ou soit pour l'assurance-maladie française. Ils avaient également la possibilité de souscrire une assurance privée comme celle de l'Amicale des Frontaliers, 13.000 adhérents en Franche-Comté et autant de « contrats frontaliers ». « C'est un système que nous avions été obligés de créer et qui a fait ses preuves », assure Valérie Pagnot, juriste de La Frontalière.

Près de 95 % des Français travaillant en Suisse sont aujourd'hui assurés par contrat privé, l'option LAMal étant confidentielle. « Basculer vers la Sécu me délestera de 400 euros par mois », s'indignait un des manifestants qui bloquaient l'autoroute de Bâle le mois dernier. L'assurance privée, il est vrai, est plus attrayante pour les jeunes, mais au-delà de 50 ans, les tarifs partent en flèche : de 51 à 251 euros par mois pour une couverture standard chez un assureur partenaire du Comité de défense des travailleurs frontaliers CDTF. Problème : des frontaliers âgés et malades finissaient par opter pour la Sécurité sociale française afin d'améliorer leur couverture.

Baisse de pouvoir d'achat

Publicité

Avec leurs pages Facebook et leurs comptes Twitter, les associations sont organisées et relaient l'information. Les élus locaux, eux aussi, sont inquiets de la baisse du pouvoir d'achat qui accompagnera la réforme. A Pontarlier (Doubs), où vivent 4.500 frontaliers, c'est 10 millions d'euros qui ne seront plus injectés dans l'économie locale, estime l'équipe municipale.

Fort du soutien de ses troupes et des élus locaux après l'importante manifestation du 1er février sur l'autoroute vers Bâle, l'Alsacien Jean-Luc Johaneck ne lâche rien : « La réforme qu'on veut nous imposer ne tient pas la route du point de vue constitutionnel, il faut que les juristes de Marisol Touraine travaillent avec les nôtres pour sortir de l'impasse. Sinon, dit-il, nous irons devant la justice européenne. » Le refus de l'Assemblée nationale, l'automne dernier, de prolonger ce régime dérogatoire a conduit le gouvernement à en aménager l'extinction. Ceux qui sont assurés à LAMal pourront y demeurer, mais plus question de souscrire à un contrat d'assurance-maladie privé. Ils devront adhérer à la CMU, sur la base d'une cotisation transitoire de 6 % jusqu'à la fin 2015, puis de 8 %.

Correspondant à Strasbourg Monique Clemens Christian Lienhardt

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité