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Morts en Méditerranée : comment le drame des migrants s’est concentré en Italie

Si l’afflux de migrants s’est réduit en Europe depuis la crise de 2015, plus de 166 000 personnes ont traversé la Méditerranée depuis janvier et au moins 3 091 y ont perdu la vie.

Par , et

Publié le 06 juillet 2017 à 18h08, modifié le 18 décembre 2017 à 18h16

Temps de Lecture 3 min.

Des migrants secourus au nord de Sabrata, en Libye, le 13 janvier, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Italie.

A l’occasion de la Journée internationale des migrants, lundi 18 décembre, nous republions cet article initialement publié le 6 juillet.

En décembre, où les conditions de navigation sont pourtant loin d’être optimales, les migrants continuent de tenter la traversée vers l’Europe via l’Espagne, ou plus encore via l’Italie. Le navire Aquarius affrété par SOS Méditerranée et Médecins du Monde a encore réalisé en 48 heures le sauvetage de 320 personnes au large des côtes libyennes entre vendredi 15 et samedi 16 décembre.

Déjà plus de 166 000 migrants ont traversé la Méditerranée en 2017, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Parmi eux, la plupart sont arrivés par l’Italie, ce qui crée une « énorme pression », selon le gouvernement. Mais le plus dramatique reste le sort des milliers de personnes qui perdent la vie durant la traversée. Le 20 septembre 2017, un naufrage au large de la Libye faisait plus de cents morts.

Depuis le début de l’année, l’OIM a recensé 3 091 morts ou disparus en Méditerranée, le plus souvent par noyade ou asphyxie sur des canots de fortune – un chiffre très probablement sous-estimé, alors que les traversées se multiplient dans des conditions périlleuses. Pour le monde entier, le nombre de décès en mer est estimé à 5 347 personnes.

Des milliers de morts près des côtes libyennes

La carte ci-dessous, basée sur les données du projet « Missing Migrants » de l’OIM, permet de visualiser les disparitions de migrants au cours de leur périple vers l’Europe, depuis le début de la crise migratoire, en 2014, jusqu’en novembre 2017. Si des drames surviennent encore vers le détroit de Gibraltar ou le long des côtes turques, les côtes libyennes sont de loin les plus meurtrières, et la mortalité s’accroît à la belle saison, lorsque davantage de migrants tentent leur chance en mer.

Des milliers de morts et de disparus parmi les migrants en Europe en 2017

Cette carte représente les naufrages recensés par l'OIM (Organisation internationale pour les migrations) – ainsi que les morts de migrants en Europe – depuis janvier 2014. Ces chiffres sont donc des minimums.

Passez votre souris sur les cercles pour afficher le détail, sélectionnez le bouton ci-dessous pour n'afficher que les morts et disparus de 2017 (jusqu'au 9 novembre). Cliquez n'importe où sur la carte pour zoomer.

Le pic est passé, l’Italie reste en première ligne

Si l’Italie interpelle avec vigueur l’Union européenne, c’est parce qu’elle est devenue la première porte d’entrée des migrants depuis la signature des accords avec la Turquie, en septembre 2015 et la fermeture de la route des Balkans au début de 2016.

La route des Balkans s'est refermé début 2016, la plupart des migrants arrivent désormais par l'Italie

Arrivées de migrants par voie maritime et terrestre dans les pays d'Europe, selon l'Organisation internationale des migrants (certaines données mensuelles ne sont pas disponibles, le détail s'affiche au survol de la souris).
Sources : OIM, UNHCR

Or, les voies terrestres d’immigration clandestines par la Bulgarie ou les pays de l’ex-Yougoslavie étaient nettement moins meurtrières que la traversée de la Méditerranée.

Le nombre de migrants qu’accueille l’Union aujourd’hui est près de 70 fois plus faible que lors du pic d’octobre 2015. Mais l’Italie fait face à un flot continu de 10 000 à 15 000 migrants chaque mois depuis plus de trois ans, qui saturent les centres d’accueil ouverts dans les ports.

La Commission européenne a annoncé cet été une aide d’urgence de 35 millions d’euros à l’Italie, ainsi que le déblocage de 46 millions d’euros pour les autorités libyennes, notamment pour renforcer les capacités des garde-côtes. Un projet contesté par l’association de défense des droits de l’homme Amnesty International, qui dénonce les violences subies par les migrants et les connivences de certains gardes-côtes avec les passeurs libyens.

Un plan de relocalisation très limité

L’autre volet du plan européen consiste à évaluer, parmi ces migrants arrivés en Italie et en Grèce, ceux qui peuvent prétendre au droit d’asile et à les répartir dans les différents pays de l’Union européenne.

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Mais ces « relocalisations », qui suscitaient les réticences de plusieurs pays membres de l’Union européenne, ont tardé à se mettre en place et n’ont pour l’instant concerné que 32 000 migrants, soit nettement moins que l’objectif de 160 000 fixé en septembre 2015. Seules 11 000 personnes arrivées en Italie en ont bénéficié, la moitié d’entre elles ayant été accueillies en Allemagne.

21 000 réfugiés arrivés en Grèce et 11 000 en Italie ont été « relocalisés » dans les autres pays européens

Le plan adopté fin 2015 est loin de remplir l'objectif initial de 160 000 relocalisations en deux ans.
Source : OIM

Lors d’un sommet réduit le 2 juillet, les ministres de l’intérieur français et allemand ont évoqué une augmentation des efforts de leur pays et ont exhorté leurs partenaires de l’Union européenne à agir, alors que plusieurs pays de l’Est ont confirmé leur refus d’accueillir des migrants.

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