Roissy : quand les employés de l’aéroport observent la nature au bord des pistes

 Roissy, jeudi 27 avril. Roland Seitre, directeur d’Hop biodiversité montre des exemples d’espèces présentes dans les prairies qui bordent les pistes de l’aéroport.
Roissy, jeudi 27 avril. Roland Seitre, directeur d’Hop biodiversité montre des exemples d’espèces présentes dans les prairies qui bordent les pistes de l’aéroport. LP/T.C.

    L'aéroport de Roissy est un lieu dont l'activité entraîne une forte pollution atmosphérique mais c'est aussi un havre de tranquillité pour la nature. « On trouve que ces aéroports sont mieux que les espaces urbains bétonnés. En fait, quand on regarde, il y a beaucoup d'insectes, d'oiseaux, de plantes… Il y a des clôtures et finalement peu de pesticides, donc c'est très préservé », souligne Lionel Guérin président de l'association Hop biodiversité. Celle-ci, créée et financée en majeure partie par la filiale d'Air France, Hop, compte comme nouvel adhérent l'aéroport de Roissy. Par cette démarche ce dernier va recenser les espèces présentes sur le site et s'efforcer de les préserver.

    L'aéroport compte d'immenses espaces verts. Sur les 3 250 ha de la plate-forme, 1 302 ha sont des espaces engazonnés. Il s'agit pour l'essentiel des vastes prairies qui bordent les pistes. « On se croirait presque en Mongolie, contemple Roland Seitre, directeur d'Hop biodiversité. Ce vétérinaire de formation, qui a parcouru la planète pendant 25 ans, a identifié dix sites avec ses équipes où un relevé précis de la biodiversité des lieux va être effectué tous les mois par les salariés de l'aéroport.

    Un traquet motteux dans l'axe d'une piste de l'aéroport. LP/T.C.

    « Ce projet est une sorte de catalyseur pour faire travailler ensemble les gens de la plate-forme, souligne Franck Goldnadel, directeur de l'aéroport au groupe Aéroport de Paris (ADP). Ce qu'on espère c'est que les visites périodiques qu'on va organiser séduiront le plus grand nombre, même si on sait qu'au début ce sera surtout des employés d'ADP. » Les participants pourront aller voir dans ces vastes prairies, pour identifier les espèces qu'ils croiseront, à l'aide de fiches réalisées par le Muséum d'histoire naturelle. Ces informations iront enrichir les bases de données de la biodiversité en France.

    Roland Seitre soulève une planche de bois qui a été posée dans l'herbe il y a un mois « Pour l'instant, il y a des cloportes, des fourmis, on est peut-être aussi sur le projet de campagnols ou de mulots », énumère-t-il. Ces rongeurs peuvent être un problème car ils constituent le repas de Faucon crécerelle, qui a tendance à se faire percuter par des avions quand il chasse. « Ce qu'on peut préconiser c'est d'assurer la compétition naturelle entre prédateurs des rongeurs en arrêtant de tuer les renards, par exemple. » Plus loin, on découvre un traquet motteux, bel oisillon, et quelques orchidées sauvages en train de pousser.

    Les équipes d'Hop biodiversité ont repéré deux espèces d'orchidées sauvages sur le site de l'aéroport. LP/T.C.

    Une fois les données collectées sur la biodiversité, les équipes d'ADP vont pouvoir étudier comment la gérer tout en gardant à distance les espaces qui posent problème au trafic aérien. Toute l'année, le gestionnaire de l'aéroport veille à éloigner certaines espèces d'oiseaux ou de mammifère des pistes avec des moyens sonores ou pyrotechniques. Le travail avec Hop biodiversité va pouvoir leur montrer comment la nature peut leur donner un coup de main.