Ficanas (avatar)

Ficanas

Editorialiste

Abonné·e de Mediapart

1398 Billets

0 Édition

Billet de blog 31 juillet 2017

Ficanas (avatar)

Ficanas

Editorialiste

Abonné·e de Mediapart

Les somptueuses magouilles du Conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes

Mon père était chirurgien-dentiste à Nice, et je l’entendais se plaindre régulièrement de l’action des membres du Conseil de l’ordre de sa profession qui sanctionnaient leurs confrères indélicats, mais qui étaient absents lorsqu’ils devaient apporter un soutien.

Ficanas (avatar)

Ficanas

Editorialiste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mon père était chirurgien-dentiste à Nice, et je l’entendais se plaindre régulièrement de l’action des membres du Conseil de l’ordre de sa profession qui sanctionnaient leurs confrères indélicats, mais qui étaient absents lorsqu’ils devaient apporter un soutien. Pourtant, d’année en année, la cotisation obligatoire des dentistes augmentait régulièrement (422 € annuel en 2017).

Illustration 1

La Cour des comptes vient de faire le point sur cet organisme de droit privé, mais qui a une fonction de service public. Le Conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes est formé de dix-neuf membres bénévoles, donc sans aucune rémunération. Mais la Cour des comptes constate qu’en 2015 ils ont perçu 600.000 € d’indemnités, soit près de 116.000 € par conseiller : un bénévolat exemplaire ! Huit perçoivent 50.000 € car, en plus de leurs indemnités, ils encaissent également des participations au titre de conseillers locaux ; certains dépassent 20.000 € par an et par personne.

Pour percevoir ces sommes il faut travailler dans la profession ; l’ancien président de l’Ordre, à la retraite, s’est fait engager comme assistant dentaire par un confrère pour 150 € par mois pour une demi-journée de présence par semaine. Comme cela il continuait à percevoir des indemnités (107.000 € de 2008 à 2015). Mais le Conseil de l’ordre réplique : « C’est justement pour rester en prise directe avec la réalité de l’exercice, qu’il a souhaité maintenir une activité professionnelle durant les huit années de sa présidence. »

Les huit membres du bureau de l’Ordre sont des coqs en pâte : chacun bénéficie d’un appartement de fonction à Paris, et même de la blanchisserie de leurs effets personnels (100.000 € par an). Il faut dire que l’Ordre avoue qu’ils travaillent 40 heures par semaine au sein de l’organisation. Quand peuvent-ils être alors dentistes ? L’ordre achète des cadeaux aux membres des familles des conseillers : grands vins, bijoux, accessoires de haute couture, pulls en cachemire, ordinateurs, stylos de grande marque, soins de thalassothérapie et même, pour l’un d’entre eux, une montre sertie de diamants ! Le Conseil national dénie ces cadeaux.

Le président et les membres du Conseil départemental de l’Isère ont même visité la Corse à l’occasion d’un « voyage professionnel » mais avec leurs conjoints, à l’hôtel, avec la traversée depuis le continent avec leurs motos. Tout cela à 150 kilomètres des bureaux du Conseil de l’ordre corse.

Maintenant que la Cour des comptes a dévoilé la magouille de ces soi-disant bénévoles, souhaitons que le gouvernement pratique une grosse extraction, et peut-être sans anesthésie locale ?

Christian Gallo - © Le Ficanas ®

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.