Inde : autorisée à avorter, une adolescente violée donne naissance à un bébé prématuré

Les médecins estiment que sauver le foetus est compatible avec la décision de la Cour suprême indienne, qui a autorisé la jeune femme à interrompre sa grossesse.

Une manifestante brandit une pancarte «stop au viol» lors d'une manifestation en Inde, en février 2017. (Illustration)
Une manifestante brandit une pancarte «stop au viol» lors d'une manifestation en Inde, en février 2017. (Illustration) AFP/Sajjad Hussain

    Une survivante d'un viol âgée de 13 ans, autorisée à interrompre très tardivement sa grossesse par la Cour suprême indienne, a finalement donné naissance à un bébé prématuré, a déclaré un médecin vendredi. L'adolescente était enceinte de 32 semaines, bien plus que le seuil légal de 20 semaines, au-delà duquel les avortements ne sont autorisés qu'en cas de danger pour la vie de la mère ou celle du bébé.

    Mercredi, dans une décision inhabituelle, la Cour suprême avait permis à la jeune fille de mettre un terme à la grossesse en raison du «traumatisme qu'elle a subi (...) et de l'intense souffrance qu'elle traverse actuellement». Nikhil Datar, un médecin basé à Bombay qui avait examiné la jeune fille, a déclaré que les docteurs ont finalement décidé de sauver le foetus. Une décision qu'ils estiment néanmoins en accord avec le jugement de la Cour. «Le fait de mettre fin à la grossesse, comme demandé par la Cour suprême, signifie arrêter la grossesse et non tuer le foetus», a déclaré le médecin.

    Le violeur arrêté

    Le bébé, qui a été placé en unité néonatale de soins intensifs, sera confié aux services d'adoption, a annoncé l'hôpital. La jeune fille, dont l'identité n'a pas été révélée, comme l'exige la loi indienne, aurait été violée par un collègue de son père qui a depuis été arrêté.

    Le nombre de demandes de ce type a augmenté ces derniers mois. Les militants des droits des femmes estiment que la loi devrait étendre à au moins à 24 semaines de grossesse l'autorisation d'avortement en cas de viol, car les victimes mettent souvent longtemps à oser rapporter les faits. L'Inde enregistre un triste record de cas d'agressions sexuelles sur mineurs, avec 20 000 cas signalés à la police en 2015.