Partager
Économie

Borne et Hulot à front renversé sur l'écotaxe poids lourds

Malaise autour de l'écotaxe. Elisabeth Borne relance l'idée au risque d'enflammer le secteur des transporteurs routiers qui a déjà appelé au blocage sur le sujet des ordonnances. Ce matin, Nicolas Hulot a donc joué le "ministre des bonnes nouvelles". Ironique: chacun des deux ministres prend le rôle inverse de celui qu’il avait joué en 2014, à l’époque où l’écotaxe "version originale" avait été abandonnée par Ségolène Royal

réagir
Portique écotaxe
(c) BAZIZ CHIBANE/SIPA

Etonnant. La ministre chargée des Transports a émis hier dans le Journal du dimanche, l’hypothèse de relancer une « écotaxe » pour les poids lourds en transit en France. Elisabeth Borne avait pourtant fait partie de l’équipe gouvernementale précédente, au sein du cabinet de Ségolène Royal, celle-là même qui avait dénoncé puis abandonné purement et simplement Ecomouv. Elle est donc très bien placée pour savoir qu’elle agite un chiffon ultra rouge. En juillet dernier, d’ailleurs, lorsqu’elle avait évoqué une première fois la résurrection de cette taxe, les fédérations de transporteurs l’avaient avertie : « La question de l'écotaxe, sous quelque forme que ce soit, et quel que soit son champ géographique est une ligne rouge pour la profession », avaient alors indiqué le communiqué commun de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) et de l'Union des entreprises de transport et logistique de France (TLF). Cette fois-ci, Elisabeth Borne ne prononce pas le gros mot, mais sobrement la nécessité de « trouver une façon de faire payer les poids lourds qui transitent par notre réseau sans participer à son financement ». Si ce n’est pas une « écotaxe », cela y ressemble fortement. Voilà de quoi alimenter le risque d’une coagulation des mouvements sociaux qui inquiète tant le gouvernement. Les syndicats de salariés du transport routier annonçaient ce matin un mouvement de protestation contre les ordonnances sur la Loi Travail. La « provocation » de la ministre des Transports pourrait bien donner envie aux patrons du secteur de se mobiliser à leur tour.

Hulot n'est plus si pressé sur l'écotaxe

Double étonnement, ce matin. Dans le long - très long - entretien accordé à Libération par son ministre de tutelle, Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire dévoile son « paquet solidarité climat ». Quatre « mesures écologiques et solidaires » sur trois pleines pages mais… pas un mot d’une quelconque taxe poids lourds. Ou plutôt, une seule formule : « L’écotaxe, telle quelle, ne reviendra pas. » Mieux, il qualifie les priorités qu’ils se sont fixés avec Elisabeth Borne : améliorer le quotidien des transports des Français et reporter le fret de la route vers le rail. Pour Nicolas Hulot, donc, l’écotaxe n’est pas une priorité. Pourtant, lui, au contraire d’Elisabeth Borne, a toujours fait partie des militants de la première heure pour cette taxe sur le trafic des poids lourds. Déjà en 2014, lorsque la première mouture avait été « suspendue » par Ségolène Royal, l’écologiste avait hurlé au « gâchis incroyable » et « problème démocratique » !

Le voilà nettement plus mesuré aujourd’hui. L’écotaxe, non, « en revanche, il est normal qu’un jour le transport routier contribue à l’effort. » Cet été, il avait précisé autrement sa pensée. C’était alors : l’écotaxe, oui, « mais pas comme ça a été fait. On ira d’échecs en échecs sur ce type de dispositif quand on le fait dans la brutalité. »

Voilà sans doute pourquoi, ce matin, dans son interview il n’y revient pas. Pas la peine de rajouter de l’huile sur le feu. D’autant que ces annonces sont autant de bonnes nouvelles pour les particuliers : prime à la conversion automobile revue à la hausse, chèque énergie pour les moins aisés, crédit d’impôt à la transition énergétique devenant en 2019 une prime et certificats d’économie d’énergie pour pousser au remplacement de vieille chaudière (sous condition de ressources). Mieux : ce faisant, le ministre parvient à la fois à caresser les ménages dans le sens du poil, sans se mettre à dos le tissu économique. Car chacune de ces mesures sont autant de coup de booster au pouvoir d’achat des ménages et donc à la relance de l’activité économique. Après la sortie catastrophique d’Elisabeth Borne, il fallait bien que le gouvernement sorte son ministre des bonnes nouvelles. Aujourd’hui c’est Nicolas Hulot qui s’y est collé.

 

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications