L’avocate Corine Lepage crée un site pour les victimes des pesticides

L'ancienne ministre de l'environnement de Jacques Chirac annonce aujourd'hui en exclusivité le lancement d'une association et d'un site internet, appelés « Justice pesticides ».

Corine Lepage. Archives
Corine Lepage. Archives LP/Arnaud Dumontier

    Exclusif. Avocate des victimes de la marée noire de l'Erika, l'ancienne ministre de l'environnement de Jacques Chirac s'est lancée dans un nouveau combat. Elle nous annonce aujourd'hui en exclusivité le lancement d'une association et d' un site internet, appelés « Justice pesticides » (*) destinés à aider les victimes de pesticides du monde entier à se défendre et à faire valoir leurs droits.

    D'où vous est venue l'idée de créer un site internet destiné à aider les victimes des pesticides à l'échelle mondiale?

    Cette idée est née il y a un an et demi. J'ai pris conscience que face aux trois multinationales de l'agro-chimie qui sont de véritables mastodontes aussi puissants que l'industrie pétrolière, des milliers de gens dans le monde se battent comme ils peuvent contre l'impact des pesticides mais sans aucune coordination. D'où l'idée de créer un site, doublé d'une association, qui permette aux victimes de pesticides, aux juristes, aux associations d'accéder aux décisions de justice prises dans ce domaine. Nous avons recensé 900 décisions de justice qui pourraient en quelque sorte faire jurisprudence à l'échelle mondiale et qui permettront d'aider une victime ou une association de savoir comment réagir dans tel ou tel cas. Car en Asie, en Amérique du sud, en Australie, j'ai pu constater que les mêmes gens racontent toujours les mêmes histoires.

    Quelles histoires?

    Des voisins d'agriculteurs victimes de pulvérisations dans leurs jardins et qui ne savent pas comment les faire stopper, des histoires de malformations d'enfants, des chercheurs poursuivis par les entreprises agrochimiques pour les recherches qu'ils effectuent sur l'impact sanitaire des pesticides...Le combat juridique est extrêmement important. Mais il faut aussi répondre à l'interrogation des gens sur certaines substances comme le glyphosate. Nous nous sommes mis dans la peau de quelqu'un qui n'est pas spécialiste du sujet. Via le site, il suffit de taper un mot clé et l'on peut accéder à toutes les études qui ont fait l'objet d'un travail de relecture et de vérification. Car le problème aujourd'hui est que la plupart des agences sanitaires ne se reposent que sur des études qui restent secrètes et qui ont été faites par les industriels eux-même.

    En tant qu'avocate, vous avez défendu les victimes de marées noires. Les pesticides, c'est votre nouveau combat?

    C'est devenu un sujet aussi important que le réchauffement climatique. Pour paraphraser Jacques Chirac, j'ai l'impression que la maison brûle et que l'on regarde ailleurs. Des études ont montré l'impact des produits agro-chimiques sur la fertilité. On sait aussi que les cancers infantiles et les maladies dégénératives sont en augmentation. Et on trouve même désormais des traces de pesticides dans le cordon ombilical des mamans. Comment ne pas y voir l'impact de ce que l'on mange et de ce que l'on boit. La génération de mes enfants et petits enfants va subir cela de plein fouet et on est à la veille d'un problème sanitaire majeur d'ampleur mondiale.

    (*) www.justicepesticides.org