Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Harcelée, la chef du service politique de la BBC couvre le congrès du Labour accompagnée d’un garde du corps

Depuis des mois, la journaliste Laura Kuenssberg est visée par une campagne menée par certains partisans du leader du Parti travailliste.

Par  (Brighton, envoyé spécial)

Publié le 26 septembre 2017 à 16h04, modifié le 26 septembre 2017 à 16h08

Temps de Lecture 2 min.

Laura Kuenssberg, chef du service politique de la BBC, devant de 10 Downing Street, à Londres, le 9 juin.

Couvrir le congrès du Parti travailliste (Labour Party) pour la BBC relèverait-il du journalisme de guerre ? Un garde du corps a été recruté par le grand média britannique de service public pour assurer la protection de Laura Kuenssberg, sa chef du service politique, pendant sa couverture du congrès du Labour qui se tient à Brighton (sud de l’Angleterre), depuis le dimanche 24 septembre et jusqu’à mercredi 27 septembre.

Depuis des mois, la journaliste, âgée de 40 ans, est visée par une campagne menée par certains partisans du leader du parti, Jeremy Corbyn, qui lui attribuent une couverture biaisée, systématiquement hostile à ce dernier, très à gauche.

Le tabloïd Sun, qui déteste M. Corbyn, sans pour autant, lui, être menacé, a été le premier à révéler l’information, visiblement ravi de dénoncer des « menaces gauchistes ». La position officielle de la BBC consiste à « ne pas communiquer sur les questions de sécurité ». Mais un de ses responsables explique au Sun : « Nous prenons très au sérieux la sécurité de notre personnel. Laura [Kuenssberg] est une personnalité bien connue du public. Elle (…) couvre des événements comportant des foules importantes où il peut y avoir de l’hostilité. »

Un ange gardien, ancien militaire

Laura Kuenssberg est titulaire du poste très prestigieux de « BBC’s political editor », sans équivalent en France, qui l’amène à commenter sans cesse l’actualité politique, aussi bien à la télévision qu’à la radio ou sur les sites Internet de la BBC. Le Times publie une photographie souriante de la journaliste vedette, accompagnée par son ange gardien, présenté comme un ancien militaire travaillant comme conseiller sécurité du groupe public.

En mai 2016, 35 000 personnes avaient signé une pétition en ligne réclamant le limogeage de Mme Kuenssberg, accusée de dénigrer le nouveau leader du Labour. Les promoteurs de cette initiative l’avaient finalement abandonnée, reconnaissant qu’elle avait été détournée par des trolls l’utilisant comme instrument de « harcèlement sexiste et haineux ».

Mais la commentatrice politique — dont les interventions balancées évoquent, pour un Français, le « style Sciences Po » —, reste la cible favorite des réseaux pro-Corbyn, en particulier du site The Canary, qui décortique férocement chacune de ses phrases, prompt à y dénoncer de prétendus dérapages.

Première femme nommée à ce poste

Nick Robinson, le prédécesseur de Laura Kuenssberg au poste de political editor de la BBC, fut aussi accusé de partialité dans sa couverture du référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, mais jamais il n’eut besoin d’un garde du corps. Mme Kuenssberg est la première femme nommée à ce poste, et les attaques dont elle est la cible sont considérées comme sexistes par de nombreux observateurs. « Certains refusent d’accepter qu’une femme, même si sa vie est consacrée à couvrir la politique, sait de quoi elle parle, écrit Gaby Hinsliff, chroniqueuse au Guardian. Il est frappant qu’aucun de ses prédécesseurs ni aucun journaliste homme ouvertement hostiles à Corbyn n’a été mis à l’index. »

Le Parti travailliste, ainsi accusé d’être un terrain miné pour les journalistes, n’a pas réagi officiellement. Mais Diane Abbott, ministre de l’intérieur du cabinet fantôme (opposition) et proche de Jeremy Corbyn, a déclaré au Guardian : « Laura Kuenssberg fait son travail. Je n’aime pas toujours la façon dont elle le fait, mais c’est son travail. » Mme Abbott, elle-même visée en tant que femme, noire, et responsable politique aux jugements lapidaires par une campagne aux relents sexistes et racistes, a ajouté : « Il n’est pas juste qu’elle soit harcelée seulement parce que c’est une journaliste femme. »

Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application

La relance de la polémique entre le Labour et la BBC souligne aussi un certain aveuglement des médias britanniques qui, souvent isolés dans la bulle de Westminster, n’ont pas vu venir l’ascension électorale de Jeremy Corbyn et peinent aujourd’hui à l’analyser.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.