Cabinets ministériels : où sont les femmes ?

 

    Exemplaire le gouvernement ? Presque deux ans après l'entrée en fonction de François Hollande, qui avait fait de la parité un véritable cheval de bataille, et de l'exemplarité de l'Etat une priorité, une plongée dans les arcanes du pouvoir révèle que l'équilibre hommes-femmes n'y est pas au rendez-vous ni en termes d'effectifs, ni en termes de pouvoir.

    En grattant le vernis égalitaire de la photo de famille du gouvernement Ayrault, composé aujourd'hui de 20 hommes et 18 femmes, on découvre en effet un monde de «mâles» : celui des cabinets ministériels, ces commandos restreints de conseillers chargés d'accompagner chacun des 38 ministres du gouvernement dans ses décisions.

    «Dircabs», chefs de cabinet, conseillers : ils sont aujourd'hui 568 à évoluer dans la grande fourmilière gouvernementale. Parmi eux, seulement 35 % de femmes. Et plus on monte dans la hiérarchie, moins elles sont nombreuses : on trouve ainsi 40% de conseillères, un chiffre qui tombe à 26% lorsqu'on compte les chefs, chefs-adjoints et conseillers spéciaux. Encore un cran au-dessus, pour 37 directeurs adjoints, il n'y a que 12 adjointes (soit moins d'une sur quatre). Et au sommet de la pyramide, donc, 13% des « dircabs », les véritables bras droits des ministres, sont des femmes.

    Bien évidemment, ce constat général dissimule quelques bons élèves. A la tête de notre classement de la parité, certains cabinets sont très équilibrés, comme ceux d'Aurélie Filippetti (Culture) ou Pascal Canfin (Développement). Quelques rares équipes sont même résolument féminines : chez Sylvia Pinel (Artisanat, Commerce et Tourisme) par exemple, deux femmes dirigent un cabinet déjà paritaire. A défaut d'avoir autant de femmes que d'hommes, certains compensent en donnant plus de pouvoir aux premières : c'est notamment le cas du premier des cabinets, celui de Jean-Marc Ayrault, avec deux directrices adjointes pour une équipe masculine aux deux-tiers.

    Pour certains, au contraire, la parité est loin d'être une obsession. Et cela ne concerne pas les plus petits cabinets : la Défense, l'Intérieur, le Travail ou encore les Affaires étrangères sont tous relégués en dernière partie de notre classement. Le bonnet d'âne revenant au ministre du Redressement productif, qui compte 17 hommes et 2 femmes !

    Le Drian, Valls, Sapin, Fabius, Montebourg... N'y aurait-il pas une corrélation entre le sexe du ministre et la part de femmes au sein de son cabinet ? C'est loin d'être évident, mais une tendance ressort toutefois : la moitié des ministres hommes (10 sur 20 donc) n'ont aucune femme à un poste de responsabilité (directeur, chef, adjoint ou conseiller spécial). Du côté des ministres femmes, cette proportion tombe à 4 sur 18. Et ne cherchez pas un cabinet sans aucun homme dans les fonctions clés: ça n'existe pas.

    Si la parité n'est pas au rendez-vous du côté des membres de cabinet, elle ne l'est pas plus du côté des « fonctions supports », ces 2400 personnes qui assurent quotidiennement la sécurité, l'administration, l'indépendance et la logistique. Selon la dernière revue d'effectifs disponible (août 2013), on y trouve 48% d'hommes et 52% de femmes, mais cette statistique cache une répartition ultra-sexuée des différents postes : la sécurité des ministres est ainsi assurée par 151 hommes et 10 femmes et la logistique (chauffeurs) par 274 hommes et 6 femmes. En revanche, pour assurer l'administration, le courrier et le secrétariat, on ne compte que 216 hommes pour plus... de 1100 femmes !

    Alertée

    dans les cabinets ministériels, la ministre du droit des femmes et porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem avait promis de veiller à ce que les retards soient comblés. Il reste encore du travail.