Ukraine : Moscou montre ses muscles, Washington dégaine un milliard

Ukraine : Moscou montre ses muscles, Washington dégaine un milliard

    Alors que le pro-européen Arseni Iatseniouk devait être confirmé jeudi par le parlement dans ses toutes nouvelles fonctions de chef de gouvernement de transition avant les élections du 25 mai, ce mercredi Moscou a fait montre de son potentiel militaire en plaçant en alerte ses troupes stationnées près de la frontière. Dans la soirée, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry a prévenu que toute intervention militaire russe dans ce pays serait une «grave erreur».

    Alors que l'Ukraine est exsangue, «nous sommes en train de formuler une garantie sur un prêt d'un milliard de dollars», a avancé John Kerry à quelques journalistes du département d'Etat, ajoutant que «les Européens réfléchissaient à 1,5 milliard de dollars» de garantie sur un prêt à ce pays. Les nouvelles autorités ukrainiennes ont chiffré leurs besoins financiers à 35 milliards de dollars et des fonds sont immédiatement nécessaires pour éviter la cessation de paiement et régler une dette de près de 4 milliards de dollars due pour les achats de gaz.

    Kerry vante un rapprochement de la Géorgie et de l'Union Européenne

    Le patron de la diplomatie américaine a par ailleurs démenti que son pays se soit immiscé dans les affaires intérieures de Kiev ou qu'il cherche une «confrontation» avec la Russie sur cette crise. «Nous n'avons pas besoin maintenant de nous engager dans une confrontation à l'ancienne de type Guerre froide», a-t-il assuré. Il a néanmoins vanté le rapprochement de la Géorgie avec l'Union européenne et l'Otan, dans le contexte de la crise ukrainienne qui a créé des tensions entre les Occidentaux et la Russie.

    Le jeune Premier ministre géorgien Irakli Garibashvili, 31 ans, est en visite cette semaine à Washington, où il a rencontré lundi le président Barack Obama et le vice-président Joe Biden, lesquels lui ont assuré du soutien américain à une association de cette ancienne république soviétique avec l'UE. On se souvient aussi de la médiation en 2008 de Nicolas Sarkozy en faveur de la Géorgie à Moscou.

    L'Ukraine est la question de sécurité n°1 en Europe

    Ce mecredi alors que des heurts opposaient militants pro et anti-russes en Crimée, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen déclarait à Bruxelles que «l'Ukraine est la question de sécurité la plus importante en Europe aujourd'hui».  Une Ukraine «souveraine, indépendante et stable» et «fermement engagée en faveur de la démocratie» constitue un «élément clé» de la sécurité dans la zone euro-atlantique, ont affirmé mercredi les ministres de la Défense de l'Otan.

    Les 28 Etats membres de l'alliance atlantique ont délivré un message de solidarité, de soutien et d'engagement continu vis-à-vis du peuple ukrainien. Ils ont assuré qu'ils «continueront à soutenir la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine, son intégrité territoriale, son développement démocratique et le principe de l'inviolabilité de ses frontières».

    VIDEO. Heurts entre militants pro et anti-russes en Crimée

    L'Allemagne : «Pas de solution sans la Russie»

    Une réunion de la commission Otan-Ukraine a été ajoutée en dernière minute au programme de la réunion ministérielle de Bruxelles. Elle aura lieu jeudi matin. La ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a souligné l'importance de maintenir les contacts avec la Russie. «Une chose est claire : ce n'est pas seulement dans l'intérêt de l'Allemagne, mais aussi dans celui de l'Otan et de la Russie, que l'Ukraine trouve sa voie vers la stabilité», a-t-elle déclaré. «Il n'y aura pas de solution sans la Russie», a ajouté Mme von der Leyen.

    Par ailleurs, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, se rendra à Kiev lundi prochain, puis le 6 mars à Rome où elle rencontrera le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, pour un entretien consacré à l'Ukraine.