Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Au Mozambique, l’extraction du rubis prend la couleur du sang

La région pauvre de Montepuez, où un gisement a été découvert il y a huit ans, tient désormais du Far West. Les mineurs artisanaux y vivent mal, relégués en marge des vastes concessions étrangères.

Par  (Montepuez, envoyé spécial)

Publié le 04 octobre 2017 à 06h39, modifié le 04 octobre 2017 à 15h58

Temps de Lecture 7 min.

Article réservé aux abonnés

Des travailleurs illégaux dans une mine d’or et de rubis, près de Montepuez au Mozambique, le 15 février.

Suleimane Hassane a découvert le premier rubis du Mozambique sans même le vouloir. Lavée par la pluie, la gemme rare rouge est apparue à ce coupeur de bois illettré au bord d’une rivière, près de Montepuez, dans le nord du pays, avant d’atterrir à Bangkok, en Thaïlande, dans des circonstances inconnues. C’était en 2009. Depuis, le gisement insoupçonné a produit plus de 10 millions de carats, soit près de la moitié des rubis vendus au monde.

En huit ans, l’arrivée d’entreprises étrangères a profondément bouleversé cette région perdue d’Afrique. Le britannique Gemfields, l’australien Mustang Resources, et bientôt le spécialiste canadien de l’émeraude de Colombie, Fura Gems, qui a annoncé mardi 19 septembre l’achat de nouvelles concessions dans la zone, ont dégagé des millions de dollars de recettes, avec autant de retombées pour l’Etat mozambicain, l’un des plus pauvres au monde.

En contrepartie, l’afflux de milliers de mineurs artisanaux, les échauffourées avec les forces de sécurité, les homicides, les violences ont transformé Montepuez en Far West. Pour la première fois, le 26 septembre, l’une des exploitations minières a fait l’objet d’un braquage à main armée, un garde a été tué.

Ballet de camions et de tractopelles

« Le Mozambique n’avait pas réalisé qu’il était assis sur une ressource aussi spectaculaire », résume Pia Tonna, la directrice marketing de Gemfields, qui exploite depuis 2012 la principale mine de rubis. Derrière elle, un impressionnant ballet de camions à benne et de tractopelles circulant à vive allure sur un terrain de la taille de plusieurs stades de football. Ils charrient des tonnes de terre qui, une fois lavées, triées et inspectées, donneront quelques carats de pierres précieuses.

Par carottage, les géologues de Gemfields ont découvert un ancien lit de rivière où les rubis se sont déposés il y a 500 millions d’années, au précambrien, la première ère géologique de l’histoire de la Terre. Soit bien avant le rubis de Birmanie, jusque-là le plus réputé, formé il y a quelque 60 millions d’années. « En roulant, en s’abîmant et en se déposant sur ce lit graveleux, les rubis ont gagné des aspérités qui décuplent leur valeur », explique Gopal Kumar, un ingénieur indien enthousiaste qui supervise les opérations de minage.

Deux mètres en arrière, un garde veille au grain. L’entreprise ne lésine pas sur la sécurité : chaque employé, même le directeur, est fouillé à l’entrée et à la sortie. « Là où on aide le Mozambique, c’est en apportant ce produit sur le marché international. Avec notre expertise, on réalise sa vraie valeur, et à terme cela va profiter au pays et à son peuple », dit Pia Tonna dans ses bureaux en préfabriqué. Devant elle, en petit amas, les rubis révèlent bien mieux leur couleur que sur le sol de la mine. Il faudra l’art d’un tailleur et d’un joaillier pour qu’ils finissent sur les parures de Cartier ou de Fabergé.

Il vous reste 68.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.