Johan Hufnagel, le directeur en charge des éditions de Libération, véritable cheville ouvrière du fonctionnement du quotidien au jour le jour, a annoncé ce matin son départ, confirmant une information de Challenges.fr du 25 septembre https://www.challenges.fr/media/johan-hufnagel-le-numero-2-de-liberation-s-en-va_507107 Altice, maison mère de Libération et de L’Express, a tenté de le retenir, en vain. Hufnagel rejoint le projet lancé par l’ancien banquier d’affaires Bernard Mourad accompagné de Giuseppe de Martino, ancien CEO de Dailymotion. Baptisé "Looper", en hommage à la "boucle" de la viralité des réseaux sociaux, ou plus vraisemblablement "Loopsider", cet ambitieux projet éditorial en ligne se veut le premier media video « premium et viral » en Europe. Il s'inspire du succès de l'Américain Now This, lancé en 2012 par des anciens du Huffington Post. Des recrutements sont en cours. « Nous devrions être en ordre de marche d’ici à la fin de l’année ou en janvier », précise Bernard Mourad à Challenges.
Errance stratégique
Ce départ au sommet est une secousse supplémentaire pour Libération qui quittera ce week-end ses locaux de la rue de Châteaudun. Le titre rejoint les vastes plateaux mis à sa disposition par Altice près de la porte de Versailles, au sud de Paris, dans un climat social agité. Les élus de Libération ont rencontré mercredi matin Alain Weill, le patron des médias du groupe Altice. Ils ont manifesté un sentiment d’errance stratégique de leur actionnaire. « Occupez-vous de nous », demandait un élu joint par Challenges avant ce rendez-vous.
Le remplaçant de Hufnagel « sera désigné d’ici la fin de l’année », précise Laurent Joffrin, directeur de la publication et de la rédaction de Libération joint par Challenges. Il doit remettre l’organisation du quotidien sur la table. En attendant, la direction éditoriale de Libération sera assurée, avec un poste en moins, par Laurent Joffrin lui-même, entouré des adjoints qui restent en poste : Stéphanie Aubert, Christophe Israel et Alexandra Schwarzbrod.
Cap sur le format numérique
Enfin, Libération subira d’ici la fin de l’année un autre départ, celui de son directeur général en charge des opérations et des finances François Dieulesaint. « Un nouveau directeur sera nommé début 2018 », précise Laurent Joffrin. A lui de relancer, avec l’équipe en place, une stratégie de conquête très attendue en interne. Altice s’y prépare. Une étude approfondie du cabinet de conseil en stratégie Bearing Point, menée en début d’année, a déterminé un cadre d’action. Comme dans beaucoup de quotidien, le cap sera clairement mis sur les ventes du journal au format numérique. « Il faut se mettre en ordre de bataille pour développer l’abonnement », confirme Laurent Joffrin. Libération vise 150 000 ventes du quotidien au format numérique d’ici à trois ans, contre moins de 10 000 à fin juin 2017 selon l'ACPM. Globalement, le pôle presse du groupe Altice subit durement les difficultés du secteur. Libération affiche 76 000 exemplaires payés en moyenne en 2016-2017 contre 101 000 en 2013, L’Express 297 000 exemplaires contre 420 000 en 2013. Altice doit réagir vite.