Arabie saoudite : "Le sport féminin va exploser !"

Après l'autorisation de conduire, les Saoudiennes viennent d'obtenir le droit d'aller dans les stades. Un nouvel élan pour les sportives du royaume.

Par Ariane Lavrilleux

Le 23 septembre dernier, les femmes avaient exceptionnellement été autorisées à célébrer la fête nationale dans le stade de Riyad. 
Le 23 septembre dernier, les femmes avaient exceptionnellement été autorisées à célébrer la fête nationale dans le stade de Riyad.  © FAYEZ NURELDINE / AFP

Temps de lecture : 3 min

« Enfin ! » s'exclament des Saoudiennes sur les réseaux sociaux en publiant des gif joyeux et dansant avec le mot-clé « pour l'entrée des familles dans les stades ».

La newsletter international

Tous les mardis à 11h

Recevez le meilleur de l’actualité internationale.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.



Lundi 30 octobre, l'autorité générale des sports a officiellement annoncé « l'aménagement de trois stades pour les familles », sans toutefois mentionner explicitement les femmes. À partir de 2018, les Saoudiennes, qui devront être accompagnées de leur mari, frère, père ou fils, pourront assister à des matches dans les trois principales villes du pays : Riyad, la capitale, Djeddah à l'Ouest et Dammam à l'Est.


La fête nationale célébrée dans le stade de Riyad, le 23 septembre dernier, avait eu valeur de test. Exceptionnellement, des milliers de femmes en abaya noire ou niqab avaient pu s'asseoir dans les gradins aux côtés d'hommes en blanc, vêtu de leur qamis ou robe traditionnelle saoudienne. Rassurées par l'absence d'esclandre, les autorités saoudiennes sont donc passées à l'étape suivante, qui ouvre une sérieuse brèche dans l'interdiction de la mixité dans les lieux publics.




Entrer dans l'Histoire

« Ils se sont rendu compte que certaines règles n'étaient plus applicables de nos jours », se félicite la boxeuse Hala al Hamrani, jointe par téléphone. Habitante de Djeddah, elle prendra son ticket pour le prochain match et « faire partie de ce moment qui va entrer dans l'Histoire. » 70 % de la population saoudienne a moins de 30 ans et de plus en plus de femmes sont cadres, médecins, ingénieures. Pour asseoir son pouvoir et mener son vaste plan de réformes économiques labellisées « Vision 2030 », le prince héritier Mohammed Ben Salmane veut s'assurer du soutien de cette population, qui lui ressemble et aspire à tourner la page de l'ultraconservatisme wahhabite. Fin septembre, le roi Salmane a publié un décret autorisant les femmes à conduire, à partir de juin 2018.

Depuis quelques mois, les filles peuvent pratiquer le sport à l'école publique, jusque-là proscrit. Lina Khaled al Maeena, la capitaine d'une des premières équipes de basket-ball féminin, ne tarit pas d'éloge sur « cette succession de petits pas » qui « ouvre une nouvelle ère où [ses] deux filles et [son] fils vont pouvoir expérimenter une nouvelle Arabie saoudite plus ouverte, et qui permet à tous ses citoyens de participer à sa construction ».

Changement cosmétique ?

Nommée il y a quelques semaines à la tête de l'autorité générale des sports, la très pro-active princesse Reema el Bandar vient donner un nouvel élan aux sportives saoudiennes. Hala al Hamrani, qui a beaucoup bataillé pour pouvoir ouvrir sa salle de boxe à Djeddah, en est convaincue : « Avec elle, c'est devenu beaucoup plus facile d'obtenir une licence pour ouvrir une salle de sport pour femmes. C'est fini l'époque des procédures interminables. » Au-delà de sa salle où près de 150 femmes viennent perfectionner leurs coups, la chef d'entreprise prédit « un boom du sport féminin, qui va exploser dans tous les domaines ».

À la différence du droit de poursuivre des études et de voyager, les Saoudiennes n'ont pas l'obligation légale de demander l'autorisation à leur « tuteur » masculin pour se mettre au foot ou au ping-pong. Une évolution sensible est donc possible sans remettre en cause la règle la plus patriarcale du royaume. À ceux qui n'y voient qu'un changement cosmétique, Tagreed Al Saraj, chercheuse et consultante pour le gouvernement saoudien, répond qu'il va avoir des conséquences sociales très importantes et « sans retour possible en arrière, car on va voir une transformation aussi dans les clubs sportifs masculins. Les femmes vont pouvoir y accompagner leurs fils et leur mari, qui y allaient seuls avant. C'est une chance pour les liens familiaux qui seront renforcés. » Aussi pour le lien entre les 30 millions de Saoudiens et leurs dirigeants.

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (5)

  • BLACKJACK2

    Faites l'expérience, en plein soleil, placez vous un tissu noir sur la tête 5 mn et après remplacez le par un tissu blanc et vous comprendrez la cruauté du foulard noir et pourquoi les hommes sont vêtus de blanc.
    les féministes n'en parlent jamais. Ignorance coupable.

  • CES BLD

    Si nous n'y prenons garde, un jour la France et l'Arabie saoudite se croiseront sur la même route...

  • lebeurah!

    Encore quelques siècles et elles auront même (peut-être ?) le droit de se mettre en bikiniquab !