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ENVIRONNEMENT

Pollution à Paris : la justice saisie pour la première fois

Après plus de cinq jours de pic de pollution aux particules en Île-de-France, plusieurs associations ont déposé plainte contre X, mardi, au parquet de Paris pour "mise en danger de la vie d’autrui". Une première en France.

Stéphane de Sakutin/AFP ARCHIVE | Nuage de pollution à Paris en 2006
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Lâcher la marmaille dans les parcs et prendre l’apéritif en terrasse. Les Franciliens passent l’hiver à attendre les beaux jours. Mais alors que le soleil a dardé ses premiers rayons, la Préfecture de police de Paris a conseillé ce week-end aux habitants de la capitale de garder les enfants à la maison et d’éviter les "activités trop intenses". Depuis cinq jours déjà, l’Île-de-France est touchée par un pic de pollution aux particules, poussant plusieurs associations à porter plainte contre X pour "mise en danger de la vie d’autrui".

Le Rassemblement pour la planète, réunion de plusieurs associations écologistes dont Écologie sans frontières et Respire, a déposé plainte mardi 11 mars au pôle santé publique du parquet de Paris. C'est la première fois en France qu'une telle démarche est entreprise. "Cela fait des années que l’on connaît les risques sanitaires de la pollution aux particules. Des années que l’on demande que les seuils soient respectés et que nous ne sommes pas entendus. Cette fois, le couperet tombe et la société civile demande à ce qu’une action soit faite", explique à FRANCE 24 Sébastien Vray, président de l’association Respire, d’autant plus en colère que le pic de pollution ne faiblit pas.

Lundi 10 mars, le seuil d’information de pollution a été dépassé. Le même pronostic était attendu pour le 11 mars. Cela "correspond à un niveau de concentration de polluants dans l'atmosphère au-delà duquel une exposition de courte durée présente un risque pour la santé humaine de groupes particulièrement sensibles au sein de la population", expliquait sur son site AirParif, organisme régional chargé de la qualité de l’air.

Les particules fines : des "cancérogènes certains"

Si la qualité de l'air s'est globalement améliorée en France depuis 20 ans, les particules fines, des composés solides en suspension dans l’air, émis par la combustion, demeurent préoccupantes pour la santé.

Des dizaines de rapports dénoncent depuis déjà plus de trente ans la dangerosité de la pollution aux particules. En 1983, le rapport Roussel, commandité par les ministères de la Santé et de l’Environnement, faisait pour la première fois le lien entre particules fines et cancers. En octobre 2013, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une agence de l’OMS, classait comme des "cancérogènes certains" l’ensemble des particules fines et la pollution de l’air extérieur.  

Parmi les conséquences néfastes : cancers du poumon et de la vessie. Mais également asthme, allergies, maladies respiratoires, maladies cardiovasculaires, infarctus du myocarde ou encore problèmes placentaires. Pour les bilans, les chiffres varient mais demeurent alarmants. Il y a un an exactement, Jean-Vincent Placé, sénateur et président du groupe Europe Écologie-Les Verts, évoquait 44 000 morts chaque année du fait des particules fines. Delphine Batho, alors ministre de l’Écologie, parlait de 42 000 morts prématurées, soit à peu près 8 % des décès annuels.

Mettre la santé au cœur du système politique

Les particules fines sont présentes naturellement dans l'environnement, mais les activités humaines ont considérablement augmenté leur concentration atmosphérique. Difficile donc d’imaginer des solutions concrètes à ce scandale sanitaire : pour améliorer la qualité de l’air, c’est tout le fonctionnement de la société qu’il faudrait modifier. Un rapport duCentre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa) a ciblé les principaux secteurs responsables : la transformation d'énergie par l'industrie (31 %) ; la combustion de bois pour chauffer les habitations (30 %) ; l'agriculture avec l'utilisation d'engrais (20 %) ; et les transports, du fait notamment de la combustion de diesel (15 %).

Il est donc quasi impossible de démêler les responsabilités collectives des responsabilités individuelles. Les associations écologistes espèrent néanmoins une prise de conscience politique. "Nous avons des représentants mais on ne sait pas à quoi ils servent", s’insurge Sébastien Vray. "On attend un projet politique au cœur duquel on place la santé. Le problème, en France, c’est que la santé est une variable d’ajustement. On est dans un système où l’on guérit au lieu de prévenir", poursuit-il.  

La France dépasse chaque année les normes européennes en matière de pollution atmosphérique, au point d’être déjà poursuivie par la Commission Européenne. Reste à savoir si un magistrat se décidera à instruire en France un dossier si délicat.

 

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