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Agnès Varda : « Les féministes ont raison de gueuler ! »

La réalisatrice, étudiée dans les écoles de cinéma américaines, est morte vendredi à l’âge de 90 ans. Elle avait reçu en novembre 2017 un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

Propos recueillis par 

Publié le 10 novembre 2017 à 08h52, modifié le 11 novembre 2017 à 16h43

Temps de Lecture 6 min.

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Agnès Varda dans son jardin, dans le 14e arrondissement de Paris, le 3 novembre.

En novembre 2017, Agnès Varda reçoit à Los Angeles un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière et s’entretient alors avec Laurent Carpentier, journaliste au service culture du Monde. Nous rejouons cet entretien à l’occasion de sa mort, le 29 mars 2019 à l’âge de 90 ans.

D’Agnès Varda, on connaît la réalisatrice féministe (Cléo de 5 à 7, L’une chante, l’autre pas, Sans toit ni loi), qui filme au plus près des gens ordinaires (Les Glaneurs et la glaneuse, Visages Villages). On ignore souvent la face californienne de celle qui débarqua en 1967 à Los Angeles avec son mari, Jacques Demy, y resta deux ans, y reviendra toujours. Elle y a tourné deux longs-métrages et des documentaires. Etudiée dans les écoles américaines de cinéma, la « dinosaure de la Nouvelle Vague », comme elle dit, s’y voit remettre, le 11 novembre, un Oscar d’honneur.

Lire la critique de « Visages Villages » : Varda et JR sur les routes de France

Cette récompense, est-ce un acte féministe ?

Non, c’est une affai­re de ciné­ma. Mais avec beaucoup de femmes en jeu. Lena Dunham [réalisatrice de la série Girls] m’invitera à entrer en scène et Angelina Jolie me remettra la statue. Et, dans le débat qui décide de ces Oscars, c’est Laura Dern [actrice dans Blue Velvet], dit-on, qui m’a proposée.

Quand on évoque les Oscars, on pense forcément à Harvey Weinstein, poursuivi pour ­ harcèlement sexuel et viols…

Ce type-là me débecte. Je n’ai jamais voulu le rencontrer. Autour de lui, les gens savaient, on n’a jamais freiné. Pourquoi ? Car c’était le patron. Tout le temps, c’est une histoire de pouvoir. Dans les usines, on disait autrefois « le droit de cuissage ». Bien sûr, il y a aussi des filles qui se jetaient à sa tête, mais là où c’est terrible, c’est quand le big boss abuse des jeunes femmes. J’ai 89 ans, j’en ai vu et entendu.

On ne vous a jamais harcelée ?

Non, je ne me prête pas à ça. Je suis une peau de chien dans les cas délicats. Bien sûr, c’est compliqué, on veut plaire. Les hommes comme les fem­mes. Dans ce jeu de la séduction, où sont les limites qui n’offensent pas les femmes ? Dans les rapports sexués, l’humiliation est toujours du côté des femmes. Ça ne changera que si on fait bouger les opinions des hommes. On peut crier mais il faut convaincre, cela commence par l’éducation, l’école, les mères… Je suis d’une nature révoltée et radicale. Sans cela, il n’y a guère de salut.

En 1967, vous vous êtes ­installée à Los Angeles…

La Columbia avait invité Jacques [Demy] pour tourner Model Shop, j’avais suivi. Un choc culturel, cet éclatement de liberté, de couleurs, d’habits… Il y avait les wo­men studies [études féministes] et une nouvelle conscience du succès. L’intellectuel Marshall McLuhan lançait « Le message, c’est le médium » : l’espace qu’on occupe dans les médias importe plus que ce qu’on y exprime. Triste et réel. Mais on évoluait et on s’amusait beaucoup.

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