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C. J. Walker, cette fille d’esclaves devenue première femme millionnaire des États-Unis

Elle a œuvré pour les orphelins du pays

C. J. Walker est née quelques années après la fin de la guerre de Sécession et a grandi dans une plantation de coton de l’État de la Louisiane. Cette fille d’esclaves libres a connu un destin extraordinaire, en faisant fortune dans le domaine des produits de beauté capillaire et en devenant la première femme millionnaire des États-Unis. Voici son incroyable histoire.

PREMIER MEMBRE DE SA FAMILLE À NAÎTRE LIBRE

Née en 1867, sous le nom de Sarah Breedlove, C. J. Walker est le premier membre de sa famille à être venu au monde libre. Jusqu’à la mise en place de la proclamation d’émancipation signée en 1863, toute sa famille travaillait dans la plantation de coton de Robert W. Burney, située dans la paroisse de Madison, comme la grande majorité des Noirs vivant en Louisiane à cette époque.

Orpheline dès l’âge de 7 ans, ses parents ayant succombé à une épidémie de fièvre jaune, elle est forcée d’emménager avec sa sœur et son mari. Elle travaille comme domestique durant quatre ans, jusqu’à ce qu’elle rencontre Moses McWilliams, son premier mari, à l’âge de 14 ans. De cette union nait une fille, Leila. McWilliams meurt trois ans plus tard, et Sarah Breedlove déménage avec sa fille à Saint-Louis, dans l’État du Missouri.

Des esclaves travaillant dans une plantation de coton durant la seconde moitié du 19e siècle

LES PRODUITS CHIMIQUES ABÎMENT SA PEAU ET SES CHEVEUX

Elle se remarie avec John Davis en 1894, mais se sépare finalement de lui en 1903. Elle déménage alors à Denver et commence à travailler comme blanchisseuse pour la modeste somme d’un dollar par jour, afin de pouvoir financer les études de sa fille. Mais comme beaucoup d’autres femmes travaillant dans ce domaine, elle constate rapidement que les produits chimiques qu’elle utilise abîment sa peau et ses cheveux.

Sarah évoque ce problème avec ses frères, tous trois barbiers à Saint-Louis, et ceux-ci l’orientent vers Annie Turnbo Malone, une entrepreneure afro-américaine qui lui apprend comment mettre au point des soins capillaires. Elle apprend beaucoup à son contact, et crée dès l’année suivante sa propre ligne de produits capillaires et cosmétiques, spécialement conçue pour les femmes noires. En 1905, elle fonde sa propre entreprise et s’installe à Denver.

Le fameux « Madam C. J. Walker’s Wonderful Hair Grower »

ELLE DÉVELOPPE SA PROPRE LIGNE DE PRODUITS COSMÉTIQUES ET CAPILLAIRES

Elle rencontre le journaliste Charles Joseph Walker en 1906, son troisième et ultime époux. Se faisant désormais appeler Madam C. J. Walker, elle conserve ce nom après leur divorce, prononcé six ans plus tard, et l’appose même sur ses produits de soins capillaires. Elle pratique le porte-à-porte et apprend aux Afro-Américaines comment les utiliser, ce qui lui permet de populariser son célèbre « Madam C. J. Walker’s Wonderful Hair Grower ».

Son activité se développant à un rythme extrêmement soutenu, C. J. Walker lance son service de vente par correspondance basé à Denver. Quelque temps plus tard, elle ouvre le Leila College, du nom de sa fille, où elle dispense des cours et forme de véritables professionnelles des soins capillaires. Cela lui permet d’ouvrir rapidement des manufactures dans les villes de Pittsburgh, Indianapolis, et dans le quartier de Harlem à New York.

La manufacture d’Indianapolis de Madam C. J. Walker

SON ENTREPRISE DEVIENT L’UNE DES PLUS RENTABLES DU PAYS

De 1911 à 1916, C. J. Walker emploie des milliers de femmes, qui travaillent dans ses boutiques ou se spécialisent dans le porte-à-porte. Son activité connait une croissance considérable, et ses produits capillaires et cosmétiques sont bientôt vendus à travers tous les États-Unis, et même jusque dans les Caraïbes. Il s’agit ni plus ni moins de l’une des start-ups les plus rentables de l’époque.

En plus de l’utilisation des soins capillaires et des techniques de vente, Walker enseigne aussi comment créer et faire croître une entreprise, et apprend aux femmes de l’époque à établir un budget et à devenir indépendantes financièrement. En 1917, elle tient une conférence marquante à Philadelphie, durant laquelle elle exhorte les femmes à apprendre le fonctionnement des affaires et à acquérir les compétences économiques nécessaires à leur émancipation.

Madam C. J. Walker (au volant) de sortie avec ses amies

C. J. WALKER SE TOURNE ENSUITE VERS L’ACTIVISME ET LA PHILANTHROPIE

Cette conférence accueille pas moins de 200 participantes et devient le premier rassemblement national des femmes entrepreneures aux États-Unis. Définitivement en avance sur son temps, Walker confie ensuite les rênes de la compagnie à sa fille, et se tourne vers l’activisme et la philanthropie, faisant don de plus de 100 000 dollars à des orphelinats, institutions et causes diverses, et créant des associations.

Lorsqu’elle s’éteint en 1919, son testament stipule que les deux tiers de ses profits futurs seront reversés à des orphelinats et des œuvres de bienfaisance. Les États-Unis lui rendent hommage en 1993 en l’intronisant au National Women’s Hall of Fame, et un timbre à son effigie est émis en 1998 par le United States Postal Service.

L’incroyable destin de C. J. Walker aura marqué à jamais l’histoire de l’Amérique. Cette fille d’esclaves née libre a combattu toute sa vie les injustices et les préjugés raciaux, luttant pour les droits et l’indépendance des femmes, et devenant la première femme américaine millionnaire de l’histoire des États-Unis. Une figure historique particulièrement inspirante.

Par Yann Contegat, le

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