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Pelé, ambassadeur du Mondial... et de Coca-Cola

A l'invitation de la marque américaine, la légende du football brésilien est à Paris pour faire la promotion de la Coupe du monde, organisée cet été dans son pays.

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Publié le 10 mars 2014 à 18h08, modifié le 10 mars 2014 à 18h53

Temps de Lecture 5 min.

Pelé, lundi 10 mars, à l'Hôtel de Ville de Paris.

Depuis deux jours qu'il est en France, sous les crépitements des appareils photo et les lumières des caméras, Edson Arantes do Nascimento n'a pas changé de couleur de cravate. Que ce soit face à Claire Chazal, sur le plateau du journal de 20 heures de TF1, dimanche 9 mars, ou sous les dorures d'une salle de l'Hôtel de Ville de Paris, lundi 10 mars, Pelé, triple champion du monde de football, arbore le même tissu rouge.

Un détail ? Il est permis de douter d'un simple hasard vestimentaire. Car si l'ancien ministre des sports brésilien (1995-1998), 73 ans, est arrivé à Paris pour faire la promotion de la Coupe du monde, dont le trophée est présenté sur le parvis de l'Hôtel de Ville dimanche et lundi, il est également l'ambassadeur d'un vendeur de soda, entre autres (nombreuses) marques. Une entreprise elle-même partenaire de la Fédération internationale de football (FIFA) depuis 1974. Une multinationale dont la principale couleur, vous l'aurez sans doute deviné, est le rouge. Le footballeur aux 1 283 buts a peut-être joué avant l'avènement du football business, mais il sait aujourd'hui en récolter les mannes.

Lundi, le « FIFA World Cup Trophy Tour by Coca-Cola » (appellation — très —contrôlée) fait étape à l'Hôtel de Ville de Paris. Et comme à son habitude, Pelé est au centre de toutes les attentions. Mais les journalistes doivent patienter plus de trois quarts d'heure avant qu'il ne fasse son apparition. Le temps pour la directrice de communication et la directrice du marketing de Coca-Cola France de répéter jusqu'à plus soif que « le mouvement, c'est le bonheur », et leur boisson, « du bonheur en bouteille ».

Sur ces bonnes paroles, « o Rei » entre dans la salle, provoquant la colère des cameramen : les membres de l'auditoire, enthousiastes, n'ayant pu s'empêcher de se lever, la star est un court instant cachée aux objectifs. Comme depuis quarante ans, Pelé répond ensuite à des questions portant principalement sur ses souvenirs de footballeur et ses trois victoires en Coupe du monde (1958, 1962 et 1970), qui permirent au Brésil de remporter définitivement le trophée Jules-Rimet (1930-1970) et pas celui de la FIFA, qu'il a présenté aux Parisiens. « Le premier souvenir que j'ai de la Coupe du monde n'est pas le meilleur. C'était en 1950, j'avais neuf ans. Mon père écoutait la radio et pleurait : on avait perdu la Coupe du monde [en finale, contre l'Uruguay]. »

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« PAS DE LA FAUTE DE LA SELEÇAO S'IL Y A DE LA CORRUPTION AU BRÉSIL »

Comme un grand-père heureux de raconter à ses petits-enfants pour la énième fois ses histoires de jeunesse, Pelé fait le tour de ses souvenirs. Sa première Coupe du monde comme joueur ? « J'avais 17 ans, c'était un rêve. » Sa dernière ? « La plus difficile à gagner fut celle de 1970, parce que j'avais plus de responsabilités. » A la question audacieuse : « Quand on regarde les photos du passé, on se rend compte que vous n'avez pas changé. Quel est votre secret ? », Pelé évoque sa coupe de cheveux, restée la même depuis ses débuts professionnels. Les jeunes générations ne peuvent en dire autant.

Viennent ensuite d'autres interrogations, plus actuelles, notamment sur de possibles mouvement sociaux. « La grande question, c'est de savoir ce qui va se passer pendant la Coupe du monde, reconnaît Pelé. Lors de la Coupe des confédérations [en 2013, au Brésil], il y a eu des manifestations. J'ai alors lancé un appel pour que les jeunes respectent l'équipe du Brésil. Ce n'était peut-être pas le bon moment pour manifester. La Seleçao fait la promotion du Brésil et ce n'est pas de sa faute s'il y a de la corruption au Brésil. »

Au terme de cette conférence de presse d'une vingtaine de minutes durant laquelle il échange quelques mots au micro avec le champion du monde 1998 Christian Karembeu, lui aussi ambassadeur de la FIFA, Pelé pose longuement pour les photographes. Il signe quelques autographes. Avant d'ignorer le buffet déjeunatoire pour aller satisfaire quelques demandes de télévisions, suivi dans ses déplacements par des journalistes exerçant un marquage digne du catenaccio italien. De toute façon, question petits fours, il pourra se rattraper ce soir, où l'attend, toujours à l'Hôtel de Ville de Paris, un cocktail dinatoire en présence de l'ambassadeur du Brésil en France, José Mauricio Bustani.

DES ENTRETIENS « EXCLUSIFS » À FOISON

En deux jours, le roi Pelé a fait la démonstration de ses dons de magicien. Il a ainsi réussi à donner un entretien « exclusif » au Parisien-Aujourd'hui en France, mais aussi à TF1, à l'AFP, sans oublier qu'il s'est « confié » à RMC-Sport. La liste de ses interviews « uniques » n'est sûrement pas exhaustive.

Durant son court séjour en France, il a donc martelé sa volonté de voir se dérouler dans son pays une Coupe du monde « tranquille », à moins de cent jours du début de la compétition, le 12 juin. Il a aussi répété qu'il souhaitait « une finale entre le Brésil et la France ». Mais sans doute souhaitera-t-il une finale entre le Brésil et l'Angleterre à Londres, entre le Brésil et la Belgique à Bruxelles et entre le Brésil et le Honduras à Tegucigalpa...

L'ancien buteur a surtout démontré, en ambassadeur consensuel, qu'il savait toujours dribbler entre les rares questions pièges qui lui sont posées. Démonstration sur le plateau de TF1, qui diffusera le Mondial cet été et dont un dirigeant affirma un jour que le métier était de « vendre à Coca-Cola du temps de cerveau humain disponible ».

« Le Brésil va faire une Coupe du monde merveilleuse, et ce sera la meilleure de tous les temps », affirme-t-il simplement quand on lui demande si son pays, où les retards de construction des stades se sont accumulés, sera prêt à temps pour l'événement.

A la question de savoir quel regard il porte sur son sport, « souvent accusé de brasser beaucoup d'argent », ainsi que le souligne Claire Chazal, il a cette réponse : « Le football, ce n'est pas seulement un sport d'argent, c'est la plus grande famille du monde, c'est le meilleur moyen de communication. […] Bien évidemment, certains problèmes politiques peuvent intervenir et provoquer certains problèmes pour le football, mais le football est toujours dans la paix. » Amen.

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