Sécheresse
Le manque d'eau complique les semis et affecte les levées dans certaines régions

Du côté du Rhône et de la Camargue, seuls 50 à 60 % des semis ont été réalisés et très peu ont levé. (©Watier visuel)
Du côté du Rhône et de la Camargue, seuls 50 à 60 % des semis ont été réalisés et très peu ont levé. (©Watier visuel)

Semis et sécheresse
Du côté du Rhône et de la Camargue, seuls 50 à 60 % des semis ont été réalisés et très peu ont levé. (©Watier visuel)

Météo France est sans appel : « Avec un déficit proche de 70 %, octobre 2017 se classe au 5e rang des mois d’octobre les plus secs sur la période 1959-2017 ». Problème : cette situation dure dans certaines régions depuis le mois d’avril. Si la sécheresse concerne une grande moitié sud de la France, allant de la Bretagne au sud de l’Alsace, la région Paca et la Corse sont celles qui subissent le plus ce déficit pluviométrique.

« Depuis septembre, il est tombé entre 50 et 100 mm de pluie en Paca et en Corse alors que l’on attend pour cette période des pluies de 270 à 300 mm, détaille Michèle Blanchard, climatologue de Météo France. On commence donc, dans ces régions, la période de recharge des nappes avec des déficits de plus de 50, voir 60 %. » En région Paca, il faut remonter jusqu’en 1978 pour observer des cumuls de précipitations aussi faibles sur la même période (de septembre à fin novembre). Pour la Corse, le précédent a eu lieu en 1970.

Dans ces mêmes régions, l’humidité des sols est au plus bas depuis la mi-juin. Cet indice, calculé en fonction des précipitations, des températures et des types de sols, est à un niveau record en Corse où il n’a jamais été aussi bas depuis sa création, en 1959.

Une impossibilité de travailler le sol, trop sec pour les labours

La sécheresse a donc grandement compliqué les travaux de semis de cet automne et déjà mis en péril les récoltes 2018. « Certains agriculteurs n’ont carrément pas semé et la plupart des autres l’ont fait sans labour, explique Stéphane Jézéquel, ingénieur régional d'Arvalis-Institut du végétal en Paca. Les cultures mettent un temps infini à lever et la situation devient risquée avec l’arrivée du froid dans le nord de la région notamment. » Selon lui, dans les Alpes, environ 80 % des semis ont pu être faits mais seulement 30 % ont levé. Du côté du Rhône et de la Camargue, seuls 50 à 60 % des semis ont été réalisés et très peu ont levé. « Quelques agriculteurs ont irrigué pour pouvoir labourer, ajoute-t-il, ce qui n’est déjà pas rentable économiquement, et se sont retrouvés avec des dégâts de sangliers, attirés par les sols frais. »

Dans le reste de la France, la sécheresse est également marquée en Rhône-Alpes, Poitou-Charentes et Vendée avec un déficit pluviométrique de 40 %. En Bretagne, moins touchée, Météo France évoque un déficit de l’ordre de 20 %.

« Pour nous, les semis se sont préparés dans de bonnes conditions pour le colza et le blé, assure Jean-Luc Pefau, responsable du service conseils aux exploitations de la Chambre d’agriculture de la Vienne. Mais il y a eu des pluies très irrégulières selon les secteurs et les levées en pâtissent. Il y a des cultures qui pourraient être plus jolies mais on sait que les plantes ont une capacité de récupération et de compensation importante, donc, c’est rattrapable. »

Des semis sauvés donc, par endroits, grâce à des pluies providentielles : « Pour le blé et le colza, il est tombé 10 à 15 mm début novembre, juste au bon moment, raconte Laurent Lambert, agriculteur au nord de Poitiers. Par contre, le temps n’a pas permis de faire le stock d’herbes pour l’automne pour les vaches laitières : elles sont au foin depuis quelques mois et on a déjà largement entamé les stocks d’hiver. »

Quel remplissage pour les nappes phréatiques ?

Si la qualité de levée des semis diffère entre l’est et l’ouest, tous s’inquiètent en revanche du niveau des nappes, déjà échaudé par les difficultés de l’été. « En tant qu’irriguant, on eu des restrictions importantes et c’est dans un coin de notre tête pour le printemps prochain », confirme Laurent Lambert, dans la Vienne.

Mais Météo France et le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) se veulent rassurants. Le remplissage des nappes se fait de septembre à mars : « La période de recharge est suffisamment longue pour rattraper le retard », affirme Michèle Blanchard. « Il ne faut pas s’alarmer, confirme Philippe Vigouroux, hydrogéologue au BRGM, on a eu des épisodes similaires lors d’années précédentes et il reste encore trois mois, rien n’est joué ! Il y a déjà eu des épisodes neigeux importants ce qui est une bonne nouvelle pour la recharge car la fonte s’effectue ensuite lentement. »

Côté prévisions en tout cas, pour le moment et jusqu’à lundi prochain, le 5 décembre, aucune pluie conséquente n’est prévue dans les régions les plus touchées par la sécheresse actuelle.

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