Vidéo : Women on Waves, l’organisation qui permet aux femmes d’avorter dans les eaux internationales

Vidéo : Women on Waves, l’organisation qui permet aux femmes d’avorter dans les eaux internationales

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The Economist nous présente l’organisation Women on Waves, qui permet aux habitantes de pays interdisant l’avortement de bénéficier légalement d’une IVG sur leur bateau.

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L’avortement est encore strictement interdit dans plusieurs pays comme Malte, le Vatican, le Nicaragua, El Salvador, la République dominicaine… Et dans de nombreux autres pays comme le Mexique, il n’est autorisé qu’en cas de danger mortel pour la femme enceinte.

L’organisation néerlandaise Women on Waves, une “unité gynécologique mobile”, permet aux femmes de ces pays d’être informées, d’avorter et d’accéder à la contraception à bord d’un bateau naviguant dans les eaux internationales. Dans ces dernières, c’est le droit du pays où le bateau est enregistré qui prévaut, ce qui rend l’entreprise légale même au large des pays interdisant l’avortement.

L’unité permet ainsi aux femmes désirant interrompre leur grossesse de moins de sept semaines de bénéficier d’un avortement médicamenteux sûr et légal.

La moitié des avortements dans le monde sont dangereux

Le magazine britannique The Economist est allé à la rencontre du Dr Rebecca Gomperts, qui a fondé l’organisation en 1999, et a suivi l’équipe à bord du bateau. La militante pour le droit à l’avortement rappelle dans cette interview qu’un quart des grossesses sont avortées dans le monde, et que presque la moitié de ces avortements sont dangereux, soit autour de 26 millions d’entre eux.

Comme l’OMS l’a expliqué, interdire l’avortement ne réduit en effet pas les IVG ; cela ne fait qu’augmenter le nombre d’avortements clandestins dangereux — et le nombre de femmes succombant à ces IVG illégales.

L’interdiction force les femmes à devenir des criminelles et à avorter en secret, généralement de façons très dangereuses : en avalant de l’eau de javel, en utilisant des aiguilles à tricoter, des mélanges de savons, en se jetant dans les escaliers, ou avec des personnes exécutant des avortements sans avoir de formation médicale… “1 femme sur 400 utilisant une méthode invasive en meurt”, rapporte le Dr Rebecca Gomperts. Les avortements clandestins causent ainsi 13 % des morts maternelles (les femmes mourant durant la grossesse ou à la suite de l’accouchement).

Sensibiliser l’opinion publique au droit à l’avortement

La seule façon de faire baisser le nombre de recours à l’avortement est bien, comme la militante le rappelle, de permettre à chaque femme de disposer librement de son corps et d’être maîtresse de sa contraception et de sa sexualité. Il s’agit donc de mettre en place une véritable éducation à la sexualité, des moyens de contraception adaptés à chacune et un recours légal à l’avortement.

Rebecca Gomperts différencie d’ailleurs deux “types” d’avortement : il s’agit soit d’“une nécessité médicale urgente”, soit d’un “droit humain”. Elle explique que le droit à l’avortement et les droits des femmes en général sont par conséquent des indicateurs de l’état de santé des démocraties.

En plus de permettre à des femmes de disposer de leurs corps, l’organisation veut attirer l’attention sur les lois restreignant ou interdisant l’accès à l’avortement. Rebecca Gomperts a en effet expliqué au Guardian que le service proposé par l’organisation ne pourrait jamais suffire à la demande ; elle souligne qu’il s’agit d’un “geste symbolique” qui ne règlera pas le problème :

“Où que nous allions, nous rencontrons beaucoup d’attention médiatique et d’opposition des groupes anti-avortement, mais c’est dans les pays en développement que les femmes souffrent vraiment, à cause d’avortements dangereux et illégaux. C’est pourquoi il est important que nous y allions et sensibilisions l’opinion publique, peu importe la difficulté.”

Après avoir navigué jusqu’en Irlande du Nord, en Pologne et au Portugal, à chaque fois alors que l’avortement y était illégal, la militante espère que l’organisation pourra aller en Amérique du Sud ou en Afrique l’été prochain. Pour cause : l’OMS rapporte que 97 % des avortements non-sécurisés ont été pratiqués dans les pays en développement en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

Rebecca Gomperts, pirate de l’avortement

Depuis 2015, Women on Waves utilise par ailleurs des drones pour livrer des pilules abortives dans des pays comme l’Irlande du Nord ou la Pologne, une nouvelle façon d’attirer l’attention sur leur cause. Et son organisation sœur, Women on Web, également créée par Rebecca Gomperts, propose un service en ligne d’aide et d’information sur l’avortement.

La plateforme permet notamment aux femmes du monde entier n’ayant pas accès à la contraception et/ou l’avortement d’effectuer, via un questionnaire destiné à un médecin, une consultation en ligne. Elles peuvent ensuite recevoir les deux pilules pour avorter chez elles, moyennant un faible coût, et/ou une contraception. Autant de façons de sauver la vie de milliers de femmes.