Quand Jean d’Ormesson faisait entrer la première femme à l’Académie française

Jean d’Ormesson avait milité pour l’entrée de Marguerite Yourcenar à l’Académie française, en 1979.

 Jean d'Ormesson.
Jean d'Ormesson. AFP

    L'écrivain et doyen de l'Académie française est décédé à l'âge de 92 ans d'une crise cardiaque à son domicile de Neuilly (Hauts-de-Seine) dans la nuit de lundi à mardi.

    En février 2016, lors de la présentation de son livre « Je dirai malgré tout que cette vie fut belle » à Bordeaux, Jean d'Ormesson racontait qu'on lui demandait parfois ce qu'il avait fait à l'Académie française. Sa réponse ? «Presque rien, mais j'ai quand même fait quelque chose, c'était une révolution, j'ai fait rentrer Marguerite Yourcenar ».

    «L'académie ne voulait pas de femmes »

    En 1979, Jean d'Ormesson alors âgé de 54 ans a proposé de faire rentrer Marguerite Yourcenar à l'Académie française : «L'Académie, c'était très simple, ne voulait pas de femme. Le règlement était muet, n'interdisait pas les femmes, mais il y avait plus dur et plus fort que le règlement, c'était la tradition. En 350 ans, on n'avait élu ni Madame de la Fayette, ni Madame du Deffand, ni George Sand, ni Colette et l'Académie ne voulait absolument pas de femme et j'ai imposé Marguerite Yourcenar ».

    Un combat grandement aidé par l'opinion publique : «L'académie a voté pour Marguerite Yourcenar, parce que la pression, vraiment, de l'opinion était telle ! Je pense qu'il y avait 90% des Français qui ne voyaient pas pourquoi une femme n'entrerait pas à l'Académie » avait expliqué Jean d'Ormesson. Une pression qui s'était soldée par une victoire puisque le 6 mars 1980, Marguerite Yourcenar était élue à l'Académie française pour remplacer Roger Caillois.

    «Je n'ai pas agi par féminisme »

    Malgré cet acte, Jean d'Ormesson s'était défendu de tout féminisme : «Je n'ai pas agi par féminisme, ni par amitié, je ne la connaissais pas, mais j'admirais Marguerite Yourcenar ».

    En 1990, Jean d'Ormesson avait aussi expliqué ne par être féministe alors qu'il confiait lors d'une table ronde à la Sorbonne être pourtant conscient des inégalités entre les femmes et les hommes : «Si la femme a reçu à peu près les mêmes avantages que l'homme, l'homme n'a pas reçu en échange tous les inconvénients, ou disons toutes les charges, qui pèsent sur la femme ».

    Il avait par la suite ajouté : « Je ne suis absolument pas féministe (…). J'essaie de voir les choses comme on regarderait les abeilles ou les fourmis ».