Recrutement Grand Est : la croissance est là mais les bras manquent

La croissance est revenue. Tous les indicateurs sont au vert et avec eux, le retour à l’emploi. Problème : les candidats manquent à l’appel, dans l’industrie comme dans le tertiaire. Un paradoxe quand le chômage stagne.
Textes : Laurence SCHMITT - 08 déc. 2017 à 05:00 | mis à jour le 08 déc. 2017 à 16:40 - Temps de lecture :
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A Briey, Lindal est en pleine croissance. L’entreprise, spécialisée dans les valves pour aérosols,  a embauché quinze personnes cette année. Malgré cela, trois postes restent à pourvoir.   Photo archives RL
A Briey, Lindal est en pleine croissance. L’entreprise, spécialisée dans les valves pour aérosols, a embauché quinze personnes cette année. Malgré cela, trois postes restent à pourvoir. Photo archives RL

Frustration. Les carnets de commandes sont pleins, les grands donneurs d’ordres reviennent vers les PME avec leurs exigences de qualité et de délais mais les entreprises ne parviennent pas à recruter.

DOSSIER

Dans le milieu industriel, les patrons ne parlent que de ça, cherchent des solutions, tandis que les cabinets de recrutement s’arrachent les cheveux. « Je rencontre des chefs d’entreprise chaque jour, confirme Sébastien Schmitt, directeur régional BPI (Banque publique d’investissement), et tous me disent qu’ils sont freinés, faute de pouvoir recruter. » Avant, il y avait les métiers en tension, généralement réputés difficiles, à faible rémunération (mais pas toujours). Mais aujourd’hui, tous les secteurs semblent concernés. Métiers de bouche, boulanger, boucher, restauration, BTP, aide à la personne, etc. Le secteur médical connaît une tension jamais vue. Et pas seulement pour les médecins. Il y a 550 postes à pourvoir dans le Grand Est pour la seule agence Appel Médical. Médecins, aides-soignants, infirmiers, kinésithérapeutes, puériculteurs manquent partout en Lorraine. Depuis l’an dernier, le nombre des candidats baisse aux concours infirmiers. La profession perd de son attractivité.

Dans l’industrie, tous les métiers sont concernés, des opérateurs aux ingénieurs. Le signe qui ne trompe pas ? Les ressources humaines recrutent. Comptables, contrôleurs de gestion, gestionnaires de paye : ces métiers sont en plein boum. Les petites annonces pullulent avec propositions de CDI estampillés « recrutement immédiat ». À Ludres, une annonce pour technico-commercial donne le ton : profil bac + 2, 1 800-2 000 €, gratification, intéressement, participation, tickets restaurant, mutuelle. « C’est la personne qui fait le job. Quand le profil est bon, il est hypersollicité. C’est encore plus dur s’il s’agit d’un commercial en industrie », souligne Richard Menneglier, manager exécutif senior chez Page Personnel. Informaticien industriel, roboticien, automaticien, R & D, chef de projet, pilote de ligne, etc... tout manque. « Il nous arrive d’échouer, avoue le senior manager. Beaucoup de clients sont freinés dans leur croissance et expriment des sentiments de colère, de frustration, d’incompréhension. » Si elle recrute à la va-vite, la société peut vite être mise en péril. Nombreuses sont les PME à admettre qu’elles ne parviennent pas à tenir les délais ou à franchir un palier qualitatif faute de personnel suffisant et qualifié. Continental, Viessmann, ThyssenKrupp, Ondal, Rians la faisselle, Egger (bois), Innothera (santé), Fives, pour ne citer qu’eux, tous recrutent. Nancy concentre beaucoup de fonctions numériques. Clémentine, experte comptable en ligne, en sait quelque chose. Ils ont ouvert un bureau parisien pour recruter les profils spécifiques manquants !