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Non-cumul des mandats : les élus jouent la montre

•Les trois quarts des parlementaires maires se représentent aux municipales.•Les candidats préfèrent attendre l'entrée en vigueur de la loi en 2017 pour choisir entre leurs différents mandats.

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Par Elsa Freyssenet

Publié le 12 mars 2014 à 01:01

La loi sur le non-cumul des mandats a beau avoir été votée, elle n'est pas encore entrée dans les têtes. La majorité des députés et sénateurs maires vont tenter de conserver leur ville les 23 et 30 mars. La nouvelle loi prévoit certes que les parlementaires ne devront choisir qu'en 2017. Mais, à la lumière des statistiques établies par le politologue Denys Pouillard, directeur de l'Observatoire de la vie politique et parlementaire, la plupart des élus n'ont décidé ni de devancer l'appel ni de préparer leur succession. Contrairement à ce qu'assurait l'exécutif lorsqu'il a décidé, sous la pression de sa majorité et du Conseil d'Etat, de ne pas appliquer la loi sur le non-cumul dès cette année.

La droite, qui a voté contre la loi sur le non-cumul, est, sans surprise, davantage concernée : 97 députés maires de droite (sur 117) se représentent et au moins 53 sénateurs (sur 71) font de même. Il faut ajouter à ces effectifs 29 députés et 4 sénateurs qui briguent un mandat de maire qu'ils ne détiennent pas à ce jour. Il y a les ex-maires battus en 2008, qui veulent prendre leur revanche, tels la sénatrice UMP Fabienne Keller à Strasbourg ou le député UMP Jean-Luc Moudenc à Toulouse. Il y a les parlementaires qui veulent parfaire une implantation locale, tels le sénateur UMP Christophe Béchu à Angers ou le député UMP Benoist Apparu à Châlons-en-Champagne, et ceux qui rêvent d'une mairie prestigieuse, telle Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris. Ce qui fait dire à Denys Pouillard que « ces municipales ne sont pas l'occasion d'un renouvellement des hommes et des femmes politiques ». « Ni à droite ni à gauche », précise-t-il.

C'est d'autant plus ennuyeux à gauche, et notamment au PS, que la direction du parti a fait du non-cumul son cheval de bataille et prône l'exemplarité en la matière. Or 83 députés maires de gauche (sur 113) et 38 sénateurs maires (sur 52) repartent à la bataille. Autant dire que le choix fait à Paris par la candidate socialiste, Anne Hidalgo, d'interdire à 3 parlementaires sur 4 d'être tête liste dans leur arrondissement, est une exception.

Parmi ceux qui profitent du sursis, il y a Sophie Dessus, la députée socialiste qui a succédé à François Hollande dans la 1re circonscription de Corrèze et qui brigue aussi un troisième mandat à la mairie d'Uzerche, conquise en 2001. Il y a aussi le sénateur maire de Dijon François Rebsamen, opposant résolu au non-cumul (lire ci-dessous) et ses collègues de Lyon (Gérard Collomb) et de Strasbourg (Roland Ries). Tous trois ont fait savoir qu'in fine ils choisiraient leur mairie, mettant en avant leur « passion » pour leur ville souvent conquise de haute lutte.

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« Une étape dans un plan de carrière »

L'argumentaire est en revanche plus compliqué pour les parlementaires qui partent cette année à la conquête d'une mairie : c'est le cas de 20 députés et de 5 sénateurs de gauche. On trouve parmi eux des députés PS fraîchement élus en 2012 tels Razzy Hammadi (Montreuil), Mathieu Hanotin (Saint-Denis), Estelle Grelier (Fécamp), Carlos Da Silva (Corbeil-Essonnes) ou Nathalie Appéré (Rennes). « Chez certains, il y a l'espoir qu'une droite victorieuse en 2017 reviendra sur la loi », maugrée un député socialiste non cumulard. Ou au moins le désir de se ménager un point de chute en cas de défaite aux législatives. « Les mandats apparaissent plus comme un moyen - une étape dans un plan de carrière - qu'une fin », souligne Denys Pouillard.

Les candidats, eux, font vibrer la fibre municipale des électeurs : « Au nom de quoi, j'irais donner un désavantage comparatif à ma ville pour les trois années qui viennent ? » interroge ainsi Mathieu Hanotin. Pour rassurer les électeurs qui s'inquiètent du temps qu'il aurait à consacrer à Corbeil-Essonnes s'il était élu maire, le député Carlos Da Silva répond carrément : « Je n'irai plus à l'Assemblée sauf pour voter et aller chercher des sous pour Corbeil. »

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Elsa Freyssenet

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