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En Allemagne, « les gens se lâchent vis-à-vis des étrangers »

L’agression du maire d’Altena donne une idée des tensions suscitées par l’accueil des réfugiés.

Par  (Altena (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), envoyé spécial)

Publié le 11 décembre 2017 à 10h56, modifié le 11 décembre 2017 à 10h56

Temps de Lecture 5 min.

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Andreas Hollstein, le maire d’Altena, avant une conférence de presse, le 28 novembre 2017, organisée après son agression.

La douleur est « vite passée », dit-il. Mais, huit jours plus tard, le pansement est toujours là, sous l’oreille gauche. C’était le 27 novembre, un peu après 19 heures. Andreas Hollstein venait de s’arrêter au City Döner, un snack du centre-ville d’Altena (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Il attendait au comptoir les deux kebabs qu’il avait commandés, pour lui et sa femme.

« Vous êtes le maire ? », demande alors un homme derrière lui. « Oui », répond-il. « Vous me laissez crever de soif et vous faites venir des réfugiés ! », crie alors l’individu, en sortant de sa poche un long couteau. La lame passera à quelques millimètres de la carotide.

Le lendemain, l’agression fait la « une » de l’actualité en Allemagne. Dès 7 h 39 du matin, Angela Merkel déclare sur Twitter, par la voix de son porte-parole, qu’elle est « horrifiée ». A la mi-journée, le maire organise une conférence de presse. Il s’attend à voir débarquer une dizaine de journalistes. Ils sont cinq fois plus. Vingt-quatre heures plus tard, il est sur le plateau de Sandra Maischberger, l’animatrice d’un des talk-shows les plus regardés du pays, sur la première chaîne ARD. Titre du débat : « Notre société s’endurcit-elle ? »

En octobre 2015, au plus fort de la crise des réfugiés, les autorités en avaient assigné 270 à Altena. Le maire proposa d’en accueillir 100 de plus

Une semaine après, Andreas Hollstein ne sait toujours pas répondre à la question. Bien sûr, il comprend pourquoi les médias se sont tant intéressés à lui. Altena n’est pas n’importe quelle ville : le 17 mai, c’est à ce bourg de 17 000 habitants situé à une quarantaine de kilomètres au sud de Dortmund que Mme Merkel a remis le Prix national de l’intégration. En octobre 2015, au plus fort de la crise des réfugiés, les autorités chargées de leur répartition sur le territoire allemand en avaient assigné 270 à Altena. Le maire proposa d’en accueillir 100 de plus.

« Wir schaffen das » (« nous y arriverons »), avait dit la chancelière un mois plus tôt. Maire depuis 1999, membre, comme elle, de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), Andreas Hollstein avait voulu relever le défi. Depuis, il le sait : « Je suis devenu un symbole. »

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Si lui-même est un symbole, son agression est-elle pour autant un symptôme ? A l’évidence, la question l’embarrasse. Son agresseur a agi « seul », tient-il d’emblée à rappeler. Un maçon au chômage âgé de 56 ans, connu pour des problèmes psychiatriques mais pas pour ses idées politiques. Depuis des mois, il ne payait plus ses factures d’eau. Elle lui a été coupée. « C’est à ça qu’il faisait référence en m’accusant de le “laisser crever de soif”. Cette affaire, c’est d’abord un problème personnel », assure le maire.

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