Migrants : vers la fin du «trottoir de la honte» à Paris

La préfecture de police de Paris envisage de fermer le centre d’accueil des migrants du boulevard de la Villette (Xe) et de le transférer boulevard Ney (XVIIIe).

 Des centaines de réfugiés attendent jour et nuit boulevard de la Villette (Xe), devant la plate-forme d’accueil de France Terre d’Asile. La situation est explosive depuis près de deux ans.
Des centaines de réfugiés attendent jour et nuit boulevard de la Villette (Xe), devant la plate-forme d’accueil de France Terre d’Asile. La situation est explosive depuis près de deux ans. DR

    La fin du « trottoir de la honte » ? Alerté depuis près de deux ans par le collectif des Habitants associés Jaurès-Stalingrad-Flandre-Jemmapes (Xe et XIXe) sur la situation des migrants en attente jour et nuit devant la plate-forme de France Terre d'Asile, 127, boulevard de la Villette, le préfet de police, Michel Delpuech, vient d'annoncer des mesures fortes.

    Première d'entre elles : la fermeture du site, où sont contraint de s'enregistrer les primo-arrivants, et son transfert avant la fin mars de cette année, dans le XVIIIe arrondissement. « Il est proposé d'installer la PADA boulevard Ney, sur un site de la préfecture de police, qui dispose d'espaces rendus libres par les nouvelles modalités de délivrance du permis de conduire. Ce site est, en outre, déjà sécurisé, adapté à l'accueil du public, et nous veillerons scrupuleusement à ce que soit garantie l'indépendance de la PADA », détaille dans une note du 29 décembre dernier le cabinet de Michel Delpuech, qui a reçu le même jour une délégation du collectif d'habitants.

    Le 14 décembre dernier, le préfet de police avait expressément demandé à France terre d'asile de mettre fin au système actuel d'accueil « premier arrivé, premier servi », en s'orientant vers la mise en place d'un dispositif de rendez-vous à partir d'une application téléphonique ou d'Internet. « Ce serait un moyen efficace de mettre fin à la reconstitution quotidienne de la file d'attente », poursuit le cabinet.

    France terre d'asile a accepté cette orientation, en émettant le souhait qu'il en aille de même pour toutes les PADA d'Ile-de-France. Et les riverains, eux, respirent enfin : « En 20 mois, nous évaluons à 40 000 le nombre de réfugiés qui ont patienté et vécu jour et nuit sur le trottoir dans des conditions d'hygiène et de sécurité totalement indignes, martèle Pierre Vuarin, l'un des membres du collectif. Dans la soirée du 26 décembre, il y a encore eu une bagarre avec plusieurs blessés. Nous envisagions une grève de la faim, mais nous avons renoncé après avoir pris acte des assurances que nous a données le cabinet du préfet. Le processus est formellement enclenché, grâce également au soutien appuyé d'une quinzaine d'élus parisiens : les lieux envisagés sont plus vastes, et les rendez-vous seront organisés de manière à ce que les gens n'attendent pas des jours dans la rue. » Un prochain point d'étape est prévu entre le 8 et le 15 janvier.