Oiseaux mazoutés. Affaiblis dans la tempête

Par Stéphane Jézéquel

Les tempêtes apportent, chaque hiver, leur lot d'oiseaux marins mazoutés. Récupérés par les bénévoles de l'association LPO, les oiseaux retrouvés à la pointe bretonne transitent parfois par Océanopolis, à Brest, avant de rejoindre le centre de soins de l'Île-Grande.

Les tempêtes d'hiver ramènent à la côte des oiseaux marins amaigris et à bout de force, très souvent mazoutés. La preuve que les navires de commerce profitent des fortes conditions pour évacuer leurs résidus d'hydrocarbures.
Les tempêtes d'hiver ramènent à la côte des oiseaux marins amaigris et à bout de force, très souvent mazoutés. La preuve que les navires de commerce profitent des fortes conditions pour évacuer leurs résidus d'hydrocarbures. (Photo LPO)

Seulement 30 % des oiseaux mazoutés, retrouvés à la côte et pris en charge par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), survivent et se remettent d'un exigeant parcours de remise en forme. Après une récupération à la côte, les oiseaux devront faire l'objet d'un transport, accepter la nourriture proposée par les humains et subir une exigeante séance de nettoyage de leurs plumes souillées.

Se remplumer


« La première étape consiste à les nourrir pour leur faire reprendre du poids », explique Virginie Dujardin, coordinatrice LPO pour le Finistère. Ces oiseaux marins arrivent à la côte très affaiblis et sont très sensibles au stress de leur récupération. Mais sans intervention humaine, le mazout ou l'huile qui recouvrent leur plumage les empêchent de retrouver l'étanchéité dont ils ont besoin pour vivre en mer. Sans plumage étanche, pas de salut pour ces oiseaux qui meurent alors de froid (hypothermie). Après la délicate opération de nettoyage avec un produit s'apparentant à un liquide vaisselle, il faut attendre que l'oiseau recommence à lisser ses plumes. C'est cette opération mécanique qui permettra la restauration de la jonction d'étanchéité entre les plumes. L'huile secrétée à la base de la queue et ramenée par le bec peaufinera le travail pour un oiseau prêt à retrouver son élément naturel. Il lui faudra entre deux semaines à plusieurs mois pour être capable de se débrouiller à nouveau dans le milieu naturel et affronter les rigueurs de l'océan.

« Cela peut paraître dérisoire de dépenser autant d'énergies pour une poignée d'oiseaux », reconnaît Franck Herrmann du centre LPO de l'Île-Grande, mais c'est la moindre des choses pour tenter de réparer les fautes des humains. « Cela permet aussi de rappeler que la pollution maritime n'est pas imaginaire et qu'elle se poursuit, particulièrement lorsque les conditions météorologiques sont dégradées ».

Pas vus pas pris


Les coups de vent dispersent plus rapidement les sillages pollués. Les pollueurs savent que la traînée d'hydrocarbures sera moins facilement identifiable et que logiquement, les patrouilles aériennes seront moins nombreuses au plus fort de la tempête.

Les oiseaux marins qui vivent l'hiver en mer et au large ont, eux, largement le temps de croiser ces nappes d'hydrocarbures aux conséquences dramatiques pour leur survie. Chargés de pétrole, ils continuent malgré tout de lisser leurs plumes pour retrouver leur étanchéité et ingurgitent une certaine quantité de produit. Un grand nombre d'entre eux est rejeté au rivage, morts. Ceux qui survivent arrivent très affaiblis à la côte.

Triste indicateur


Le nombre d'oiseaux mazoutés reste un triste indicateur des pollutions en mer difficiles à traquer, particulièrement quand les conditions atmosphériques se dégradent.

Actuellement, une vingtaine d'oiseaux marins, principalement des guillemots (aussi des pingouins torda, goélands et puffins) est actuellement soignée à l'Île-Grande. L'hiver 2013 avait été particulièrement chargé puisque pas moins de 450 oiseaux avaient dû être pris en charge par le centre de soins.

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On n'en est pas encore là, même si une demi-douzaine d'oiseaux récupérés cette semaine par l'antenne finistérienne vient d'arriver à l'Île-Grande.

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