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L’Algérie fête officiellement le Nouvel An berbère pour la première fois

Si Alger a décidé de rendre fériée cette journée du calendrier amazigh, les droits de la communauté, disséminée dans tout le Maghreb, ont peu avancé.

Le Monde avec AFP

Publié le 12 janvier 2018 à 17h08, modifié le 12 janvier 2018 à 21h11

Temps de Lecture 3 min.

Des femmes berbères algériennes préparent la nourriture pour la célébration du Nouvel An, dans le village de Ait Al-Kecem, à l’est d’Alger, le 11 janvier 2018.

C’est une première au Maghreb. L’Algérie a décrété jour férié le Nouvel An berbère, appelé Yennayer, fêté cette année le vendredi 12 janvier, selon le calendrier berbère. Si chaque année des fêtes ont lieu dans les principales régions berbérophones, c’est la première fois qu’un pays officialise la célébration de ce Nouvel An.

Présents dans plusieurs pays du Maghreb et au Sahara, les Berbères regroupent des populations autochtones d’Afrique du Nord. Célébrant l’an 2968, leur présence est antérieure à l’arabisation et à l’islamisation. Ils se nomment eux-mêmes imazighen, pluriel d’amazigh, qui signifie « homme libre » dans leur langue, le tamazight, différente de l’arabe. S’ils ont réussi à obtenir plus de droits au fil des années, les Berbères continuent de revendiquer une plus large reconnaissance de leur identité. Revue de détails.

  • Algérie

Le pays compte 10 millions de Berbérophones, soit environ un quart de la population et lutte de longue date pour des revendications identitaires, longtemps niées par l’Etat qui s’est construit autour de l’arabité.

Majoritairement concentrés en Kabylie, à l’est d’Alger, les Berbères sont également présents dans le centre, l’est et le grand sud. Le tamazight est devenu la deuxième langue officielle avec l’arabe dans la Constitution de 2016.

  • Maroc

Le Maroc compte 8 millions de Berbères et plus de sur 33 millions d’habitants qui parlent l’un des trois principaux dialectes berbères du pays (le tarifit, le tamazight et le tachelit). De nombreuses voix réclament de rendre férié le jour du Nouvel An amazigh dans le royaume, alors que ceux des calendriers musulman et grégorien le sont déjà. Les militants s’appuient sur la reconnaissance par la nouvelle Constitution (2011) de leur langue comme idiome officiel au côté de l’arabe.

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L’une des conséquences les plus notables de cette officialisation a été l’apparition de l’alphabet tifinagh sur les bâtiments publics, en plus de l’arabe et du français. Depuis 2010, une chaîne de la télévision publique marocaine, Tamazight TV, est consacrée à la promotion de la culture amazigh. Un projet de loi, en cours d’examen par le gouvernement, prévoit de diversifier l’apprentissage des langues dans les écoles, avec notamment une généralisation de la langue amazigh.

Il y a quelques années, des députés avaient fait sensation en s’exprimant en berbère au Parlement. L’administration marocaine continue toutefois de refuser sporadiquement d’inscrire des prénoms berbères dans les registres de l’Etat civil. Le drapeau amazigh, dont l’emblème représente les Imazighen, constitue un marqueur fort lors des manifestations dans les régions berbérophones, comme le Rif, dans le nord du pays.

  • Libye

Persécutés sous la dictature de Mouammar Kadhafi, qui niait leur existence, les Imazighen s’estiment marginalisés et réclament le « droit » à l’officialisation de leur langue, au même titre que l’arabe, et à une représentation équitable au Parlement. Ils représentent 10 % de la population et vivent notamment dans les montagnes à l’ouest de Tripoli ou dans le sud désertique.

Depuis la chute du régime en 2011, leurs revendications se font de plus en plus pressantes. Le drapeau amazigh flotte sur tous les bâtiments publics au côté du drapeau libyen, et souvent seul dans leurs régions d’origine. Des manuels scolaires en langue amazigh ont vu le jour, même s’ils ne sont pas homologués par le ministère de l’éducation (du GNA, gouvernement internationalement reconnu).

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Les Imazighen réclament des mécanismes leur permettant de faire valoir leurs spécificités culturelles dans la future Constitution. Dans le projet de Constitution entériné au Parlement, qui attend d’être soumis à référendum, les langues parlées par les différentes communautés, dont tamazight, sont reconnues comme faisant partie du patrimoine culturel libyen. Mais l’arabe reste pour l’instant la seule langue officielle.

  • Tunisie

En Tunisie, le poids démographique des Imazighen est méconnu, les statistiques par ethnie ou langue étant interdites. Outre les zones du sud, la majorité réside à Tunis, du fait de l’exode rural.

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Les Berbères se disent victimes de marginalisation, d’exclusion et de déni de leurs spécificités culturelles de la part d’un Etat qui s’identifie dans sa Constitution comme étant de langue arabe et de religion musulmane. Selon le président de l’association tunisienne de la culture amazigh (ATCA), Jalloul Ghaki, si 50 % des Tunisiens sont d’origine berbère, moins d’un pour cent parle encore le dialecte (chelha). « Il n’y a pas de volonté de l’Etat de préserver le patrimoine culturel amazigh, quasiment absent des programmes scolaires », déplore un autre militant, Nouri Nemri.

Le drapeau des Imazighen flotte à Ath Mendes, au sud de Tizi-Ouzou, à l’est d’Alger le 12 janvier 2018, date du Nouvel An berbère désormais férié en Algérie.

La majorité des militants souhaitent « des réformes à petits pas », dans le but que « le peuple tunisien reconnaisse la culture amazigh comme une part de l’identité tunisienne », avec par exemple « un espace dans les médias ». Depuis la révolution de 2011, ces médias et la société civile se montrent plus ouverts. Le ministre des droits de humains avait marqué le Yennayer en 2017 en souhaitant bonne année à ses concitoyens berbères.

Le Monde avec AFP

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