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FRANCE

À Paris, les vélos de l'association Biocycle roulent contre le gaspillage alimentaire

Les bénévoles de Biocycle sillonnent chaque jour la capitale française à bord de leur triporteur à assistance électrique.
Les bénévoles de Biocycle sillonnent chaque jour la capitale française à bord de leur triporteur à assistance électrique.
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En France, 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année, dont 1,2 million sont encore consommables. Pour lutter contre ce gaspillage alimentaire, les bénévoles de l’association parisienne Biocycle font depuis deux ans la navette, sur des triporteurs à assistance électrique, entre les commerçants et les associations caritatives, et parviennent à redistribuer près de 500 kilos de denrées par semaine.

Ils sillonnent chaque jour la capitale pour collecter les invendus alimentaires des grandes surfaces et des marchés et les redistribuer, le jour-même, à des associations locales d'aide aux plus démunis.

Installée dans la friche des Grands Voisins du 14e arrondissement, Biocycle s'est développée dans le Sud parisien sous l'impulsion de son fondateur, Jean-François Recco. Après des études de commerce et une première expérience professionnelle dans le domaine informatique, le trentenaire a lancé ce projet en 2014, d'abord sous la forme de collectif.

 

"Ce projet soulage aussi les commerçants qui sont parfois frustrés de devoir jeter une partie de leurs produits"

Le point de départ a été de me rendre compte, quand j'allais chercher ma baguette de pain, qu'il en restait encore beaucoup avant la fermeture de la boulangerie. Et quand j'ai demandé au boulanger ce qu'il allait en faire, il me répondait en grimaçant un peu qu'il allait devoir le jeter. Pourtant, pas loin de la boulangerie, il y avait des gens dans le besoin. J'en ai eu marre et je me suis alors associé à deux amis.

On a commencé à aller voir des commerçants pour les sensibiliser et voir comment ils fonctionnaient. Idem avec des associations pour savoir quels étaient leurs besoins. Après, on a tout simplement pris un vélo et une remorque pour faire ce relais.

C'était donc vraiment un mouvement citoyen bénévole. Tous les mois de nouvelles personnes s'engageaient à nos côtés. En novembre 2015, nous nous sommes constitués en association, soit bien avant la loi contre le gaspillage alimentaire pour laquelle notre projet a d'ailleurs été auditionné [depuis le 3 février 2016, la loi oblige la grande distribution à distribuer les invendus qu'elle jetait auparavant, NDLR]

Un bénévole lors d’une collecte d’invendus. Crédit : Biocycle.

Nous avons aujourd'hui une équipe de six personnes rémunérée (salariés, stagiaires, service civique). Nous travaillons avec une dizaine de commerces - de la grande distribution, des marchés ouverts ainsi que la restauration collective  - de façon régulière et entre cinq à dix associations avec un système de rotation pour la réception des dons.

Notre travail est possible grâce à des liens de confiance et une logistique adaptée, notamment pour respecter la chaîne du froid avec des bacs isothermes. Nous faisons tout à vélo, à la fois parce que c'est un mode de transport propre et efficace, mais également parce que ça nous permet d'être au contact de la ville. Parfois, des passants s'arrêtent pour nous poser des questions.

 "Une demi-tonne de nourriture par semaine pour 300 personnes"

Une fois les denrées déposées auprès d'une association, c'est elle qui va s'occuper de les distribuer aux personnes dans le besoin. Les associations avec qui nous sommes partenaires n'ont pas le temps ni les moyens d'aller faire ce travail de collecte. Biocycle vient combler cette absence de relais. Ce projet soulage aussi les commerçants qui sont parfois frustrés de devoir jeter une partie de leurs produits. Par ailleurs, les commerces peuvent bénéficier d'une déduction d'impôt grâce au don, c'est un argument que nous mettons en avant lorsque nous allons les démarcher.

 Nous estimons que notre travail permet de collecter une demi-tonne de nourriture par semaine pour en faire bénéficier environ 300 personnes – qui sont des sans-abri, des familles monoparentales, des retraités et aussi des étudiants précaires.

Biocyle souhaite désormais s’implanter en régions et cherche de potentiels porteurs de projets.  

Majoritairement financée par des subventions publiques, l'association entend diversifier ses sources de revenus pour embaucher plus de personnel. Pour ce faire, elle organise des séances de sensibilisation en entreprises ou des évènements pendant lesquels le public peut fabriquer des smoothies et soupes à partir de fruits et légumes "moches", invendables dans le commerce, en les transformant à l'aide d'un "vélo mixeur".

Grâce à ce "vélo mixeur", Biocycle fabrique des smoothies et soupes à partir de fruits et légumes "moches". Crédit : Biocycle.

Son installation aux Grands Voisins lui a permis également de nouer des partenariats avec d'autres associations implantées sur la friche. Récemment, les équipes de l’association se sont essayées à la teinture de tissus à partir d'épluchures de légumes avec l'association Afrika Tiss spécialisée sur l’artisanat textile solidaire.

À terme, l'idée de Biocycle serait de créer une gamme artisanale de jus, soupes, compotes et confitures à partir de fruits et légumes sauvés du gaspillage.

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