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Apple : 5 questions sur une méga cagnotte de 269 milliards de dollars

+ VIDEO. Mercredi, le groupe américain a annoncé qu'il allait régler 38 milliards d'impôts sur sa trésorerie hébergée dans ses filiales étrangères.

Par Nicolas Richaud

Publié le 18 janv. 2018 à 11:53

Les calculettes des analystes et médias américains ont chauffé ces dernières semaines et le chiffre a fini par être officialisé publiquement par Apple lui-même.

Mercredi soir, le groupe à la pomme croquée a annoncé qu'il allait régler 38 milliards de dollars d'impôts sur sa trésorerie actuellement hébergée dans ses filiales à l'étranger, après que la réforme fiscale de l'administration Trump a été votée en décembre.

La firme californienne a aussi précisé qu'elle allait investir 30 milliards de dollars dans les cinq années à venir. En tout, Apple dispose aujourd'hui d'un matelas de 269 milliards de dollars de trésorerie. Tour d'horizon des cinq questions qui se posent.

Vidéo : Apple va payer 38 milliards de dollars d'impôts aux Etats-Unis

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1) Comment Apple s'est constitué un tel matelas de trésorerie ?

La réponse tient en un mot : l'iPhone. Le phénomène mondial du smartphone iconique du groupe a fait d'Apple la première capitalisation boursière mondiale. En dix ans et demi d'exploitation, le groupe en a vendu près de 1,24 milliard d'unités, générant près de 790 milliards de dollars de revenus.

Prélevant une marge brute des plus copieuses sur chaque exemplaire vendu de son produit phare, Apple a dégagé des bénéfices records ces dernières années et s'est aussi constitué une trésorerie confortable.

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Depuis les débuts commerciaux de l'iPhone mi-2007, celle-ci est passée de 15,4 milliards de dollars à 269 milliards au dernier pointage en novembre dernier. Depuis 2014, celle-ci a augmenté de 114 milliards.

Apple est un cas unique au monde puisque la deuxième société possédant le plus de trésorerie dans ses caisses, après le groupe de Tim Cook, se trouve être Microsoft avec 138 milliards de dollars. Soit « à peine » un peu plus de la moitié…

2) Pour quelle raison 94 % de ce cash est hébergé à l'étranger ?

A l'heure actuelle, 252 milliards de dollars de cash sont stockés par Apple dans ses filiales étrangères. Ce qui représente près de 94 % de sa trésorerie puisque le groupe dispose de 17 milliards dans ses caisses aux Etats-Unis.

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Au fil des ans, sa trésorerie s'accroissant, le groupe n'a cessé d'immobiliser tant et plus de sa trésorerie à l'étranger. A la fin de son exercice fiscal de 2012, Apple hébergeait 68 % (soit 83 milliards de dollars) de sa trésorerie en dehors de son marché domestique où il avait alors 39 milliards de cash.

Les raisons sont basiques : éviter d'avoir à payer l'impôt sur les entreprises dont le taux se montait auparavant à 35 %. Fin 2016, Tim Cook en personne n'y allait d'ailleurs pas par quatre chemins, affirmant qu'il adorerait rapatrier la trésorerie d'Apple aux Etats-Unis, mais que cela était alors irréaliste.

« Quand nous la rapatrierons, nous paierons 35 % d'impôt fédéral, mais aussi des impôts locaux, d'en moyenne 5 %, ce qui fait 40 %. Nous ne la ramènerons pas tant qu'il n'y aura pas un taux plus raisonnable », avait-il alors précisé. C'est désormais chose faite.

3) Cette trésorerie est-elle totalement immobilisée ?

Non, le cash d'Apple ne dort pas sous un matelas. Dans son dernier rapport annuel publié il y a quelques semaines, il apparaît que le groupe a investi 55 milliards de dollars en emprunts d'Etat américain ; une part non négligeable de ce montant est d'ailleurs enregistrée en Irlande.

Le groupe de Cupertino a aussi et surtout placé pour près de 153 milliards de dollars en obligations d'entreprises. Sur ce montant colossal, 126 milliards, (soit 82 %), sont investis sur des titres de longue maturité (entre 1 an et 5 ans, NDLR).

Pour la petite histoire, ce portefeuille obligataire est géré via une filiale, installée dans le Nevada, qui s'appelle Braeburn Capital (du nom d'une variété de pommes). Cela ne s'invente pas.

4) Pourquoi Apple s'endette-t-il auprès des marchés financiers ?

En 2012, la dette d'Apple était littéralement à 0. Trois ans plus tard, celle-ci se montait à 64 milliards de dollars et atteignait les 116 milliards de dollars en novembre dernier.

Pourquoi la firme à la pomme se voit aujourd'hui lestée d'une telle dette alors que ses profits sont records et sa trésorerie plantureuse et sans équivalent dans le monde ? Apple cajole ses actionnaires et a besoin de cash pour cela…

Depuis 2012, le groupe a reversé plus de 200 milliards de dollars à ses actionnaires, via des dividendes et surtout des plans de rachats d'actions massifs (166 milliards en cinq ans).

En mai dernier, Apple a fait savoir qu'il portait à 300 milliards de dollars en tout son programme de rémunération des actionnaires d'ici à la fin de l'année 2019.

5) Vers de nouveaux rachats d'actions… et une (des) acquisition(s) d'envergure ?

Avec l'annonce de mercredi soir, ce plan de 300 milliards pourrait bien être révisé une nouvelle fois par Apple. Mais l'autre gros point d'interrogation porte surtout sur les rachats majeurs que le groupe pourrait effectuer aux Etats-Unis. Ces derniers mois, les bruits de couloir ont proliféré outre-Atlantique.

Tesla, Electronic Arts, Activision, Netflix, Time Warner, et même Disney pourraient être dans le viseur d'Apple qui a fait savoir qu'il comptait se déployer dans les contenus pour diversifier ses lignes de revenus. Jusqu'à présent, la plus grosse acquisition dans l'histoire d'Apple se trouve être Beats en 2014, moyennant 3 milliards de dollars.

Dans une note publiée début janvier, deux analystes de Citi jugent que Netflix serait la cible allant le plus de soi pour Apple. Le leader mondial du streaming vidéo a aujourd'hui une capitalisation boursière de 94 milliards de dollars.

Ce qui serait un rachat d'envergure, tranchant avec l'ADN d'Apple qui a peu recours à la croissance externe, étant donné sa dimension économique et financière. Mais depuis mercredi soir, ce type de méga acquisition par le Californien n'a jamais semblé aussi crédible.

Nicolas Richaud

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