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L’offensive de charme de Facebook en France passe par de nouveaux investissements

Le réseau social va injecter dix millions d’euros dans le secteur de l’intelligence artificielle et annonce un programme de formation aux outils du numérique.

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Publié le 22 janvier 2018 à 00h00, modifié le 22 janvier 2018 à 14h28

Temps de Lecture 4 min.

Le fondateur et patron de Facebook, Mark Zuckerberg, lors d’une conférence à San José (Californie), en avril 2017.

Facebook veut le faire savoir. Il porte le plus grand intérêt à la France et est prêt à sortir son chéquier pour le démontrer. Lundi 22 janvier, l’entreprise de Mark Zuckerberg annonce un investissement de dix millions d’euros pour développer la recherche sur l’intelligence artificielle (IA) dans l’Hexagone. Le groupe souhaite ainsi amplifier un mouvement commencé en juin 2015, date de l’implantation à Paris de son centre de recherches européen consacré à l’IA – le premier installé hors du territoire américain.

Le premier bénéficiaire de cette manne sera le laboratoire parisien de Facebook, dont les équipes de chercheurs et d’ingénieurs sont appelées à doubler, pour atteindre un effectif d’une soixantaine de personnes d’ici à 2022. Dans le même temps, le nombre de doctorants travaillant en son sein va tripler, pour passer à une quarantaine.

Mais l’initiative du groupe américain doit bénéficier plus largement aux acteurs de l’IA du pays. Elle va notamment permettre de financer dix serveurs mis à disposition d’organismes de recherche et de start-up. Le groupe va aussi abonder un fonds pour la collecte de données ouvertes. Il s’agit là de deux conditions essentielles pour développer des intelligences artificielles : des machines puissantes pour faire tourner des algorithmes complexes – dont le coût à l’unité dépasse les 100 000 euros – et des bases de données étoffées pour les exercer.

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Par ailleurs, le géant américain annonce un partenariat avec plusieurs universités françaises (dont la liste reste à déterminer) pour financer des bourses d’études, d’excellence et de doctorats en mathématiques, physique, informatique et ingénierie des systèmes complexes.

De manière générale « notre ambition est de travailler plus étroitement avec les universités mais aussi d’aider l’écosystème à se développer, car plus ce tissu va se développer, plus on aura de gens avec qui travailler ici », explique Antoine Bordes, le patron du laboratoire d’intelligence artificielle de Facebook à Paris.

Faire progresser la recherche

Ces annonces interviennent alors que l’Etat souhaite faire de la France le leader européen de l’IA. Une mission a été confiée en septembre 2017 au député La République en marche (LRM) et mathématicien Cédric Villani pour identifier et prioriser les actions à mener pour y parvenir.

La remise de ce rapport, initialement prévue à la fin du mois de janvier, a été repoussée à fin mars-début avril. Au niveau régional, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (Les Républicains), a elle aussi présenté, au début du mois, un plan pour développer cette activité sur son territoire.

Facebook dit vouloir s’inscrire dans cette démarche. Mais le soutien apporté par le groupe de Menlo Park (Californie) est-il de nature à favoriser l’émergence de géants européens de l’IA, capables de concurrencer les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ou doit-on craindre de voir le loup entrer dans la bergerie ?

« Il ne faut pas diaboliser les choses », tempère François Sillion, directeur général délégué de l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique), dont les équipes collaborent depuis plus de deux ans avec le réseau social. Pour lui, l’intérêt de Facebook, s’il n’est pas « philanthropique », est de faire progresser la recherche et la formation dans un domaine qui offre d’immenses opportunités.

Sheryl Sandberg à Paris

De son côté, l’Inria s’y retrouve en permettant à ses chercheurs de travailler avec les équipes de Facebook, qui comptent parmi les meilleures dans le domaine. « Cela ne doit pas nous empêcher de prétendre à hisser la France à un rang de leader », estime-t-il. D’autant que, jusque-là, la collaboration avec Facebook ne s’est pas traduite par un « siphonnage » des équipes de l’Inria, comme certains ont pu le craindre au départ du projet.

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Les nouveaux investissements de Facebook en France ne se limitent pas à l’intelligence artificielle. Lundi 22 janvier, le groupe américain devait également dévoiler un plan pour former 65 000 personnes aux outils numériques d’ici à la fin 2019. Deux publics sont concernés : les personnes éloignées de l’emploi (50 000), dans le cadre d’un partenariat avec Pôle emploi, et les femmes qui se sont lancées dans l’entrepreneuriat ou voudraient le faire (15 000).

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Facebook – comme de nombreux autres acteurs du numérique, comme Google – proposait déjà des formations pour familiariser les entreprises avec ses outils et les convaincre de passer par ses services payants pour développer leur activité. Cette fois, il va s’appuyer sur des partenaires extérieures pour un programme qui se veut plus large, allant jusqu’à des conseils de management. L’initiative, dévoilée lundi pour la France, n’est d’ailleurs qu’une partie d’un plan plus vaste, qui prévoit d’assurer un million de formations de ce type à travers l’Europe d’ici à 2020.

L’offensive de charme de Facebook ne serait pas complète sans assurer un minimum de diplomatie. Sheryl Sandberg, la numéro deux de Facebook, qui se trouve lundi à Paris pour présenter ces annonces, s’entretiendra avec Emmanuel Macron à l’occasion du sommet de l’attractivité, qui réunira 140 patrons de multinationales à Versailles autour du président français. Un événement placé sous la bannière « Choose France » (« choisir la France »). Ça ne pouvait pas mieux tomber.

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