Jean-Luc Mélenchon et José Bové complices. C'était il y a très longtemps, en 2006. Aujourd'hui, les deux eurodéputés entretiennent des rapports difficiles.

Jean-Luc Mélenchon et José Bové complices. C'était il y a très longtemps, en 2006. Aujourd'hui, les deux eurodéputés entretiennent des rapports difficiles.

AFP

Un rapport pour rappeler que la torture, "l'une des pires violations des droits de l'homme et des libertés fondamentales, (...) ne saurait en aucun cas se justifier" ne devrait a priori provoquer aucune polémique. Et pourtant. Seuls trois députés européens français se sont abstenus: Bruno Gollnisch, Jean-Marie Le Pen et ... Jean-Luc Mélenchon. Une situation que n'a pas manqué de remarquer l'écologiste José Bové, lui-aussi élu à Bruxelles et Strasbourg.

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Comment le coprésident du Parti de gauche explique-t-il cette position sur un texte pourtant très édulcoré et non contraignant pour les états membres? "Ce rapport bon sur le fond (...) ne met pas une seule fois en cause les USA", écrit-il sur son blog. Le leader de la gauche radicale n'a pas réussi à intégrer à ce rapport des références à Guantanamo ou à la technique dite "de la baignoire" pratiquée par la CIA. Le seul pays cité dans ce document restera la Corée du Nord. Enfin, Jean-Luc Mélenchon conteste le rôle central attribué au Service européen de l'action extérieure (SEAE) dans la diplomatie de l'UE, un combat qu'il mène depuis des années. Voilà donc comment il s'est retrouvé à adopter la même position que des élus du Front national.

Abstention contre abstention

Mais l'histoire va plus loin. La même semaine, le Parlement était appelé à se prononcer sur un autre rapport consacré à un sujet tout aussi consensuel: l'égalité femmes-hommes. Au tour de Jean-Luc Mélenchon de reprocher une abstention, celle d'une partie du groupe écologiste. Il a manqué neuf voix à ce texte. 25 élus Verts se sont abstenus, dont Daniel Cohn-Bendit et José Bové. En cause, un article qui qualifie la prostitution de "violence (...) en violation des droits de l'homme".

Cette question a toujours agité les rangs écologistes. Le groupe a donc opté pour la liberté de vote. De quoi nourrir le courroux de Jean-Luc Mélenchon: "Les Verts, Bové et Cohn-Bendit en tête, se sont abstenus, participant ainsi aux manoeuvres de la droite et de l'extrême-droite pour faire échouer ce texte", développe-t-il sur son blog.

Sale temps à Strasbourg et Bruxelles, soleil sur le reste de la France

Cohn-Bendit et Bové versus Mélenchon. En dix jours, le leader du Front de gauche a consacré quatre notes de blog au duo écolo. Pas pour en dire du bien, cela va sans dire. Pourquoi une telle acrimonie? "Nous entretenons des rapports compliqués depuis des années, explique à L'Express José Bové. Il n'a pas apprécié nos reproches sur ses absences au Parlement lors de votes aussi importants que ceux sur le budget ou l'agriculture". Au point visiblement de ne pas signaler que José Bové a demandé à faire changer son vote sur le rapport "égalité femmes-hommes" de l'abstention au "oui", comme il le dit.

A Bruxelles, comme à Strasbourg, il y a de l'orage dans l'air entre communistes et écologistes. Un micro-climat qui ne s'est pas étendu sur le reste de la France. En octobre dernier, Jean-Luc Mélenchon esquissait des listes communes aux deux partis pour les municipales, avec le souhait de créer "une alliance encore plus large que le Front de gauche". Rennes, Nîmes, Grenoble, Paris étaient concernés. Seule la capitale a finalement fait défaut.


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