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Commémoration de l’écrivain antisémite Maurras : « Commémorer, ce n’est pas célébrer »

Pour les historiens Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory, membres du Haut Comité des commémorations nationales, l’Etat doit rappeler les moments lumineux de notre histoire comme les périodes les plus sombres.

Publié le 28 janvier 2018 à 18h04, modifié le 31 janvier 2018 à 18h05 Temps de Lecture 4 min.

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La ministre de la culture, Françoise Nyssen, le 23 janvier.

Dimanche 28 janvier, le ministère de la culture a annoncé le retrait de la référence à l’écrivain antisémite Charles Maurras (1868-1952) du Livre des commémorations nationales 2018. La ministre, Françoise Nyssen, a demandé le rappel et la réimpression de ce livre afin de « lever l’ambiguïté » sur « des malentendus qui sont de nature à diviser la société française ».

La proposition faite dans ce recueil, élaboré par le Haut Comité des commémorations nationales, de commémorer, parmi des dizaines d’autres événements, le théoricien du nationalisme intégral, a suscité une vive polémique. Certains, tel Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, y ont vu un hommage scandaleux rendu à un auteur condamné après la seconde guerre mondiale pour son soutien au régime de Vichy.

Tribune. L’émotion qui entoure l’inscription de Charles Maurras dans le Livre des commémorations nationales pour 2018 exige une explication simple et claire. La mission confiée au Haut Comité aux commémorations nationales est de contribuer, au hasard des anniversaires, à une meilleure prise de conscience des épisodes majeurs du passé. Il en propose une liste à la ministre, à qui il revient de les agréer si elle le souhaite.

Françoise Nyssen l’a fait d’abord, en l’occurrence, avant de changer d’avis. Sont concernés les personnalités et les événements dont notre pays peut s’honorer, mais pas eux seulement. Commémorer, ce n’est pas célébrer. C’est se souvenir ensemble d’un moment ou d’un destin. Distinction essentielle : on commémore la Saint-Barthélemy, on ne la célèbre pas. On commémore l’assassinat d’Henri IV par Ravaillac, on ne le célèbre pas. On commémore la Grande Guerre, on ne la célèbre pas.

Le précédent Céline

La question s’était posée, en 2011, lors du cinquantenaire de la mort de Céline, dont l’apparition dans la liste poussa le ministre Frédéric Mitterrand à mettre au pilon, une première fois, le volume qui la portait. Mais il était alors question, dans l’intitulé du Haut Comité, depuis sa création en 1998, de « célébrations », si bien que cette présence de l’écrivain s’avéra vite comme insupportable. Pour que les choses fussent clarifiées, nous avions suggéré au ministre de remplacer l’intitulé « célébrations », par celui de « commémorations ». Ce qui fut décidé : changement primordial.

Telle est la ligne actuelle définie pour le Haut Comité par les pouvoirs publics, qui l’engage. Il a jugé, dans ces conditions, qu’il était de sa mission de rappeler, en l’occurrence, ce que furent les mouvements intellectuels et politiques d’extrême droite sous la IIIRépublique. Et l’influence majeure qui y eut, bien au-delà de sa famille politique, le rôle qu’y joua un personnage tel que Charles Maurras, que son nationalisme monarchiste, antisémite, raciste, conduisit en 1940 à un soutien immédiat au régime du maréchal Pétain et aux pires infamies de celui-ci.

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